Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/59

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Mécène au jeu de paulme à la hâte se rend :
Pour Virgile et pour moi, l’un et l’autre souffrant,
Nous demandons des lits. La paulme trop pénible,
Comme à son estomac à ma vue est nuisible.
Par-delà Caudium, en un riant séjour,
L’opulent Coccéïus nous reçoit à son tour.
Ici, muse, en deux mots, retrace à ma mémoire
De deux nobles rivaux le combat et la gloire.
Redis-moi les aïeux de l’histrion Battus,
Et ceux de qui le nom illustrait Sarmentus.
Du sang des Osciens le fier Battus s’honore.
Pour l’altier Sarmentus, son maître vit encore.
Ils commencent. — Oh ! oh ! le plaisant animal !
Dit Sarmentus d’abord : il a l’air d’un cheval.
Nous rions. — Penses-tu que rien ici m’arrête,
Réplique son rival, en remuant la tête ?
J’accepte le défi. — L’autre, au même moment :
Qu’en lui coupant la corne on a fait sagement,
Puisque, malgré le fer dont il porte la trace,
Tout mutilé qu’il est, il montre tant d’audace !
En effet, par le fer dont il était flétri,
Le hideux histrion avait le front meurtri.
Après cent quolibets sur sa mine sauvage,
À danser la cyclope en riant il l’engage,
Ajoutant finement que, pour la bien danser,
De cothurne et de masque il pouvait se passer.
Battus à ce discours par mille autres réplique :
Dans quel temple, dit-il, à quel dieu domestique
As-tu voué tes fers ? Crois-tu, quoique greffier,
Que ton maître sur toi n’ait plus son droit entier ?