Page:Satires de Juvénal et de Perse, traduites en vers français, 1846.djvu/419

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À quoi bon écorcher leurs superbes oreilles ?
Nos grands vous fermeront leur porte, où sourdement
Gronde un chien courroucé…

perse.

Gronde un chien courroucé… Fort bien ! tout est charmant !
Allons, vous serez tous merveilleux !… Plus d’attaque !
« Mon livre, dites-vous, ce n’est pas un cloaque ! » —
Peignez-y deux serpents, et l’avis consacré :
Enfants, pissez plus loin, loin de ce lieu sacré !
Soit ! Mais Lucilius a déchiré la ville ;
Il mord un Mutius, un Lupe, engeance vile !…
Horace, ingénieux, caressant et moqueur,
Nous fait rire et nous blâme, et joue autour du cœur :
Il se raille du peuple à sa barbe… Et, dans l’ombre,
Je ne puis dire un mot, seul, en un trou bien sombre ?

l’ami.

Non ! non !

perse.

Non ! non !J’enfouirai ce mot. Parlons tout bas :
Je l’ai vu, petit livre, oui, vu… Le roi Midas
A des oreilles d’âne. Et ce malin mystère,
Ce rire mon bonheur, ce rien, je le préfère
À toute une Iliade… Ô lecteur, qui pâlis
Sur le fier Cratinus et l’ardent Eupolis,
Et sur ce grand vieillard qu’on nomme Aristophane, —
Regarde aussi mes vers, s’ils ne sont d’un profane !
C’est encor plein du feu de ces divins auteurs
Qu’il faut me lire : enfin, je ne veux pour lecteurs