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Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/103

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quand ce Tyran, fortifié de l’Heretique[1], vint à nostre barbe prendre Estampes et Ponthoise. Mais, par les bonnes et devotes prieres des Peres Jesuistes, et l’intercession de madame ma sœur, avec l’entremise de plusieurs saincts et religieux confesseurs, nous trouvasmes ce sainct martyr, qui feist esclater ce coup du Ciel[2] et nous delivra de la misere et captivité où nous estions prests de tomber en peu de jours.

Tellement qu’ayant pris haleine, et faict nouveaux desseins et nouveaux marchez avec nostre bon Roy Tres-Catholique et pere nourricier, je levay les cornes hautes, et avec une gaillarde armée mipartie[3], m’en allay haster d’aller les maheustres, qui, suivant les bons advis qu’en avoit reçuz madite dame et sœur, s’enfuyoient outre mer à petit train. Mais parce qu’ils ne trouverent leurs vaisseaux prests à Dieppe, où je fu les visiter, je me my en devoir de les vous amener tous prisonniers en ceste ville, et

  1. Le tyran est Henri III et l’hérétique le roi de Navarre.
  2. L’assassinat de Henri III par Jacques Clément, au camp de Saint-Cloud en 1589. La duchesse de Montpensier, sœur du duc de Mayenne, et ennemie acharnée de Henri III, passa pour avoir préparé ce meurtre, et même pour avoir fait de ses faveurs la récompense anticipée de l’assassin.
  3. Après l’assassinat du roi, le duc de Mayenne se mit à la tête d’une armée composée en partie de troupes amenées par Bassompierre et Balagny, en partie de celles envoyées par le roi d’Espagne, et voulut s’opposer à Henri IV.