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c’est dans ce but que le duc de Guise s’était allié à Philippe II, qui détenait le royaume de Navarre, et ne pouvait que faire cause commune avec les ennemis de l’héritier dépossédé. Le pape redoutait l’extension du protestantisme en France, et craignait que les huguenots ne contraignissent le roi à réunir un Concile national. Aussi, après la mort de Grégoire XIII, son successeur Sixte-Quint fulmina contre Henri de Navarre et le prince de Condé une bulle d’excommunication où il les déclarait incapables de succéder à la couronne.

La guerre entre catholiques et protestants se rallume aussitôt. Ceux-ci appellent à leur aide les princes protestants d’Allemagne, qui entrent en France à la tête d’une puissante armée. Mais le duc de Guise les poursuit, les bat, les refoule dans leur pays ; et cette victoire, dont la Ligue s’attribue le mérite, donne au duc de Guise un surcroît de popularité qui fait acclamer son nom des Parisiens. Le roi ouvre enfin les yeux. Il est effrayé des progrès qu’a faits la Ligue, de la domination qu’elle exerce déjà à Paris, et fait défense expresse au duc de Guise d’y venir sans son ordre. Mais les Seize le pressent au contraire d’y entrer, car ils craignent que le roi n’emploie contre eux des mesures de rigueur. Le duc, accompagné d’une troupe armée, y vient malgré la défense royale, et sa présence y occasionne une révolution connue sous le nom de Journée des Barricades. Le 12 mai 1588 le peuple tend les chaînes au travers des rues, élève des barricades ; les bourgeois prennent les armes ; les troupes royales, réduites à l’inaction, sont désarmées ; et le roi sort précipitamment de Paris, tandis que le duc de Guise