Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/119

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faisant le plus fort, ne me voulust aussi faire la loy : ce que mon cousin le Duc de Lorraine me reproche que j’ay appris de la Royne Mere, que Dieu absolve. Au reste, je croy qu’il n’y a pas un de vous qui ne se souvienne de la mort de Sacremore[1], aprés m’avoir faict plusieurs bons services. J’ay esperance que moy et mon nepveu en ferons bien d’autres à l’honneur de ce bon Dieu, pourveu que vous autres messieurs nous serviez de pareille affection, et attendiez pareille récompense en ce monde ou en l’autre. Quant à la pelade[2], que certains Politiques m’ont voulu improperer[3], m’accusant que la Saincte-Cere ou la Loue (je ne sçay laquelle des deux)[4] me l’avoit donnée, ils en ont menty, les meschants ! Je n’y songeay jamais. Ce n’est que certaine chaleur de foye que les medecins appellent alopecie, à laquelle moy et les miens sommes subjets, et Monsieur de Lyon sçait que les gouttes viennent bien sans cela[5] ;

  1. Le duc de Mayenne le tua de sang-froid en 1587.
  2. Maladie qui fait tomber le poil.
  3. Reprocher.
  4. On suppose que ce sont deux filles de joie, et ce passage fait allusion à une partie de débauche qui eut lieu à l’hôtel Carnavalet en mars 1589, à la suite de laquelle le duc de Mayenne fut atteint d’une maladie honteuse.
  5. Pierre d’Espinac se livrait à la débauche. Il n’en fut pas puni comme le duc de Mayenne ; il n’eut que la goutte, dont il mourut en 1599.