Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/176

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point de mal[1] si vous eussiez encore tardé trois jours à venir. Mais pour revenir à mon premier theme, j’argumente ainsi : Louchard et ses consorts ont esté justement penduz, parce qu’ils estoyent pendarts ; Atqui la plus-part de nous autres Docteurs estions consorts et adherants et conseillers dudict pendu, ergo pendarts et pendables ; et ne sert de rien d’alleguer l’abolition qui nous a esté faicte touchant ce catholique assacinat[2], car remissio non dicitur nisi ratione criminis : ne pouvant ladite abolition abolir la peine meritée, voire quand vous la destremperiez cent fois eh Catholicon d’Espagne, qui est un savon qui efface tout. Il fault donc necessairement argumenter ainsi, in barroquo : Quiconque faict pendre les Catholiques Zelez est tyran et fauteur d’Heretiques ; atqui Monsieur le Lieutenant a faict pendre Louchard et consorts catholicissimes et zelatissimes : ergo Monsieur Lieutenant est tyran et fauteur d’Heretiques, pire que Henry de Valois, qui avoit pardonné à Louchard,

  1. C’est-à-dire que, sans l’arrivée du duc de Mayenne, les Seize auraient fait périr d’autres personnes suspectées de royalisme.
  2. Après l’exécution de quatre des Seize, ordonnée par le duc de Mayenne, le 4 décembre 1591, ce prince publia une abolition ou amnistie en faveur des autres coupables du meurtre de Brisson, dont deux seulement furent exceptés.