Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/179

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Messieurs, je vous recommande nos pensions, et de Messieurs nos Condocteurs de la saincte Faculté de Theologie, comme aussi de Messieurs les Curez et Predicateurs, pour lesquels je parle, car vous avez affaire de nous, et ne vous en sçauriez passer ; et Madame de Montpansier a bien sceu dire qu’elle gaignoit plus de villes et faisoit plus de besongne avec un peu de doublons qu’elle distribuoit aux Predicateurs et Docteurs, que le Roy de Navarre ne faisoit avec toutes ses tailles et armées. Je vous adverty de bonne heure que si ne fournissez à l’apointement[1], il y a danger que nous ne nous mettions tous à prouver qu’il n’est que d’avoir un Roy legitime, etiam discole, pourveu qu’il nous laisse le pain de Chapitre[2]et le Purgatoire3, sans rien innover jusques au futur Concile.

Mais, en attendant, advisez si nous ferons un Roy ou non. Je sçay que Monsieur le Lieutenant voudroit bien l’estre ; aussi feroit son nepveu, et encore son

  1. Rose n’était pas le seul prédicateur dont l’éloquence en faveur de la Ligue fut entretenue à prix d’argent.
  2. La croyance au purgatoire attirait à l’Église force donations.

2 La bonté du pain que l’on distribuait journellement à chaque Chanoine était passée en proverbe. Mais ici, Rose prend ce mot dans un sens plus étendu et veut parler de la jouissance de tous les biens que possédaient les gens d’église, et auxquels Henri IV avait promis de ne pas toucher.