Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/181

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droy gager ma vie qu’il ne vous demandera plus rien que la confiscation d’Ediguieres. Quant au Duc de Lorraine, ostez luy le Duché de Bouillon, et luy baillez Sedan, Metz, toute la Champagne et partie de Bourgongne qui est à sa bienseance, vous l’appaiserez par aprés pour un morceau de pain. Je viens maintenant à vous, Monsieur de Guyse, fils de bon pere et de bonne mere, que les Propheties ont de long temps destiné aux Royaumes et Empires, et vous ont surnommé Pepin le Brief. Vous voilà sur le point d’estre un grand Charlemagne, vostre grand bis-ayeul, si marché tient ; mais regardez à ne vous laisser pas tromper. Ces messieurs d’Espagne, encore qu’ils soyent nos bons amis et bons catholiques, ne sont pas marchands à un mot[1] ; et ce n’est pas d’à ceste heure, car il y a plus de deux mil ans qu’ils s’en meslent, et qu’on leur donne le nom d’estre fins à doubler. Ils vous promettent ceste divine Infante en mariage pour la faire Royne in solidum avec vous ; mais prenez garde que le Duc de Feria[2] n’ait remply ses blancs signez sans charge. Il en a une pleine boite, dont il se sert à toutes occurrences,

  1. est-à-dire n’ayant qu’une parole.
  2. bassadeur extraordinaire de Philippe II en France, spécialement chargé dés négociations relatives au mariage de l’Infante avec le jeune duc de Guise.