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soins cependant qu’il dut le remarquable talent littéraire auquel il parvint. Sans doute son père lui avait transmis en germe le goût des belles-lettres ; mais soit manque de fortune, soit qu’il fût mort dès la première enfance de Jean, celui-ci fut élevé par un chanoine du nom de Thiénot, son oncle maternel, qui le fit étudier au collège de Troyes. Il annonçait plus alors le goût aventureux qui avait poussé son père à voyager, que l’amour de l’étude. Sous prétexte que son régent le traitait mal, il s’enfuit un beau jour, quittant sa ville natale pour courir le monde. A Bourges, où il alla d’abord, il entra, paraît-il, au service d’un maréchal ferrant. Singulier commencement pour un futur érudit et un professeur d’éloquence ! Peu après on le retrouve à Sancerre, où un religieux de Saint-Satur le recueille et le garde quatre mois près de lui. Puis il réintègre le collège de Troyes, et y reste pendant trois années.

Durant cette période, le goût de l’étude paraît s’être éveillé en lui. Il va étudier au collège de Reims, à Paris ; revient à Troyes, puis retourne à Paris où il est jugé digne d’enseigner les humanités au collège du Plessis.

C’est là qu’il se perfectionna, étudiant avec passion les auteurs grecs, et, entre son cours public et ses études personnelles, trouvant encore le temps de publier ses premiers travaux d’érudition. Il jouissait déjà d’une réputation méritée : successivement professeur au collège du Cardinal-le-Moine, puis au collège de Boncourt où il expliquait les Commentaires de César, il attirait autour de sa chaire des lettrés comme Ronsard et Baïf, et les