Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/209

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chiquaneurs, commissaires, et conseillers, excepté ceux qui sont de nos amis ; mais il ne se parlera plus d’adjournements ni de saisies[1], ni de payer ses debtes : vous serez tous comme rats en paille, et me suffira que m’apelliez Sire. Vous y adviserez. Pour le moins, je sçay bien que j’en vaux bien un autre ; et vous en diroy davantage, sinon que je suis pressé d’aller executer mon entreprise sur Noyon[2], aprés que j’auray combattu le gouverneur de ceste ville. Et sur ce, bazo las manos de vostra merced.

Aprés que le sieur de Rieux eut finy sa concion militaire, chacun des assistants monstra au visage qu’on avoit pris plaisir à son eloquence naturelle, pour un homme qui n’avoit point de lettre, et qui pourroit faire un grand fruict, s’il la faisoit longue en ce monde[3]. Là dessus, se leva un des deputez, nommé le sieur d’Angoulevent[4], qui fit entendre tout haut qu’il avoit charge de la Noblesse nouvelle et

  1. Addit. « Criées et exécutoires ».
  2. Celle qui eut pour résultat de le faire pendre.
  3. Un grand fruit, c’est un pendu à une branche d’arbre. S’il la faisoit longue en ce monde, équivaut à : s’il demeurait encore longtemps au monde ; c’est-à-dire que, quelque fut la durée de son existence, il finirait par être pendu.
  4. Espèce de fou très populaire à cette époque, qui se donnait le titre de Prince des Sots.