Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/223

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envahi et usurpé toute l’authorité et puissance royale, du temps du petit Roy François, leur nepveu. Je ne dy rien que toute la France, jusques aux plus petits, voire que tout le monde universel ne sçache : car toutes les sanglantes tragédies qui ont depuis esté jouées sur ce pitoyable eschafaut françois sont toutes nées et procedées de ces premieres querelles, et non de la diversité de religion, comme sans raison on a faict jusques icy croire aux simples et idiots. Je suis vieil, et ay veu des affaires du monde autant qu’ung autre : voire j’ay, par la grace de Dieu et de mes amis, esté Eschevin et Prevost des Marchands en ceste ville, du temps qu’on y procedoit par libre election, et qu’on ne forçoit ni violen-toit personne pour les voix et suffrages, comme avez faict, Monsieur le Lieutenant, depuis n’agueres, ayant voulu faire continuer monsieur Boucher à vostre devotion. Mais il me souvient encores de ces vieux temps, comme si ce n’estoit que d’hier ou d’aujourd’huy. J’ay bonne memoire du commencement de la querelle qui vint entre feu monsieur vostre pere et feu monsieur le Connestable, laquelle ne proceda que de jalousie de l’un sur l’autre, estants tous deux grands mignons et favoris du Roy Henry second, leur maistre, comme nous avons veu messieurs de Joyeuse et d’Espernon soubs le Roy