Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/247

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ceux qui disoyent et disent encore aujourd’huy qu’il ne faut rien aigrir. Depuis, vous ne cessastes de pratiquer et solliciter tout le monde quasi à descouvert, et principalement les Prescheurs et Curez, à qui vous faisiez quelque petite part de vos doublons. Vous envoiastes une autre armée en Guyenne, dont faisiez estat, et que pensiez qui deust resserrer ou prendre le Roy de Navarre. Mais de belles ! Vous allastes precipiter et faire perdre ce jeune seigneur[1], presumptueux des esperances que luy donniez qu’il seroit Roy de Toulouze. Vostre frere avoit d’autres forces sur pieds, qui luy vinrent bien à propos pour repousser les Reistres venants au secours des Huguenots de Guyenne ; et falut que vous-mesme, Monsieur le Lieutenant, y allassiez en personne. Encore ne sceustes-vous les empescher de passer, et s’il n’y eust eu que vous et les vostres qui vous en fussiez meslez, quelque chose qu’en ayez voulu faire croire, ils fussent venuz boire nostre vin jusques à nos portes et vous eussent mis en merveilleux accessoire. Neantmoins vous voulustes vous donner toute la gloire de leur desroute, et la desrober au Roy et à ses bons serviteurs, qui, en temporisant et s’op-

  1. Anne de Joyeuse, envoyé à l’année à l’instigation du duo et tué à la bataille de Coutras.