Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/249

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bons conseillers[1], faicts de sa main et de son humeur, dont nous n’avons encore que trop de reste, sceurent si dextrement imprimer la crainte en l’esprit foible de ce pauvre Prince qu’il n’osa rien entreprendre, de peur d’irriter les Parisiens, et craignant remettre encore les troubles et les miseres de la guerre en son Royaume. Car, encore qu’il n’aymast pas les Huguenots plus que vous, si est-ce qu’ayant experimenté leur opiniastreté, et que pour neant on taschoit les vaincre et ranger à raison par la violence de la guerre qui ruynoit son peuple, il s’estoit resolu de ne tenter plus les voyes de la force[2] ; mais, par un plus gracieux remede, avoit commencé de les attirer à l’obéissance, et reconnoissance de leurs fautes passées ; les privant de sa Cour et de sa suitte, des honneurs, charges, gouvernements, offices, benefices, dont la plus-part d’eux se faschoient de se veoir excluz ; si bien qu’il faut advouer que leurs forces s’estoient plus alenties[3] par cinq ou six ans de paix que par dix ans de guerre ouverte. Et ne se faisoit plus de nouveaux Huguenots, les vieux se

  1. La reine mère et ses conseillers Villequier, d’O et de Villeroy.
  2. C’est par suite de cette résolution que le roi accorda la paix aux huguenots, à Poitiers, en septembre 1577.
  3. dit. « et diminuées. »