Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/268

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une personne sacrée, oincte, et cherie de Dieu, comme mitoyenne entre les anges et les hommes. Car comment seroit-il possible qu’ung homme seul, foible, nud, desarmé, peust commander à tant de milliers d’hommes, se faire craindre, suivre, et obeir en toutes ses voluptez[1], s’il n’y avoit quelque divinité et quelque parcelle de la puissance de Dieu meslée, comme on dit que les demons se meslent et entrejectent dedans les nues du tonnerre, où ils font ces estranges et espouvantables feux qui passent de bien loin le feu materiel et elementaire ? Je ne veux pas dire que ce fust vous qui choisistes particulierement ce meschant que l’enfER crEa[2], pour aller faire cet execrable coup que les furies d’Enfer eussent redouté de faire ; mais il est assez notoire qu’auparavant qu’il s’acheminast à ceste maudicte entreprise, vous le veistes et je diroy bien les lieux et endroits[3] si je vouloy, où l’encourageastes[4] ; vous luy promistes abbayes, eveschez, monts et merveilles, et laissastes faire le reste à Madame vostre sœur, aux

  1. Ce mot se trouve dans l’édition princeps. Dans les suivantes, il a été remplacé, non sans raison, par volontez.
  2. agramme de frère Jacques Clément.
  3. ant de tuer Henri III, l’assassin eut une entrevue avec le duc de Mayenne et Lachapelle-Marteau, les uns disent aux Chartreux, les autres a Saint-Lazare.
  4. riante : « pour l’encourager. »