Aller au contenu

Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autrefois soit au collège de Troyes, soit à l’Université de Paris, ou au cours de Cujas à Bourges. Ces deux hommes, savants tous deux, l’un gai et enjoué, l’autre grave et austère, se réunirent par un lien commun : l’amour de la France, le respect des lois et l’horreur des excès populaires[1] !

Il y avait alors à Paris un érudit aimable, non de ces travailleurs, comme Pithou, qui approfondissent toute science et ne se lassent jamais d’acquérir de nouvelles connaissances, mais un lettré fin et spirituel, aimant les livres, aimant les auteurs. Il se plaisait à réunir chez lui, dans sa maison du quai des Orfèvres, les littérateurs et les beaux esprits contemporains. S’il travaillait peu lui-même, il aimait à causer et à s’entretenir avec les gens d’esprit et de science. Jacques Gillot, d’une bonne famille bourgeoise de Bourgogne, était né vers 1560. Il avait embrassé l’état ecclésiastique, était devenu doyen de la cathédrale de Langres, puis chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris, et enfin conseiller-clerc au Parlement. C’est en cette dernière qualité qu’il fut arrêté par Bussy Le Clerc avec le président Achille de Harlay et les membres du Parlement, et enfermé à la Bastille. Rendu à la liberté, il était allé rejoindre le Parlement à Tours, puis était revenu à Paris, on ne sait par suite de quelles circonstances[2]. Au milieu des troubles dont Paris, au pouvoir des Seize, était le théâtre, il était naturel que les

  1. Voir : Vie de Pierre Pithou, dans les Éphémérides de Grosley.
  2. Notice sur Jacques Gillot. « Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France », par Petitot, t. XLIX, p. 241.