Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/284

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ha ! Monsieur le Lieutenant, permettez-moy que je m’exclame en cest endroit par une petite digression hors du cours de ma harangue, pour deplorer le pitoyable estat de ceste Roine des villes, de ce microcosme et abregé du monde. Ha ! Messieurs les députés de Lion, Tholouze, Rouen, Amiens, Troies et Orleans, regardez à nous et y prenez exemple : que nos miseres vous fassent sages à nos depens. Vous sçavez tous quels nous avons esté, et voyez maintenant quels nous sommes ! Vous sçavez tous en quel goufre et abisme de desolation nous avons esté, par ce long et miserable siege ; et si ne le sçavez, lisez l’Histoire de Josephe, de la guerre des Juifs et du siege de Jérusalem par Titus, qui represente au naïf celuy de nostre ville. Il n’y a rien au monde qui se rapporte tant l’un à l’autre, comme Jérusalem et Paris, excepté l’issue et la fin du siege. Jérusalem estoit la plus grande et la plus riche, et peuplée ville du monde : aussi l’estoit Paris,

Qui eslevoit son chef sur toutes autres villes, Autant que le sapin sur les bruyeres viles.

Jerusalem ne pouvoit endurer les bons Prophetes qui luy remonstroient ses erreurs et idolatries ; et Paris ne peut souffrir ses Pasteurs et Curez, qui blasment et accusent ses superstitions et folles va -