Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/286

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Jésus-Christ meritoit la mort, et crioient tout haut : Nos legem habemus, et secundum legem debet mori[1] ! Nos Predicateurs et Sorbonnistes ont-ils pas prouvé, et approuvé par leurs textes appliquez à leur fantaisie, qu’il estoit permis, voire louable et meritoire de tuer le Roy ? et l’ont encore presché aprés sa mort. Dedans Jerusalem estoient trois factions qui se faisoient appeller de divers noms ; mais les plus meschants se disoient Zelateurs, assistez des Idumeens estrangers : Paris a esté agité tout de mesme de trois factions de Lorraine, d’Espagne, et des Seize participants de toutes les deux, soubs le mesme nom de Zelateurs, qui ont leurs Eleazars et leurs Zacharies, et Acaries[2], et plus de Jeans qu’il n’y en avoit en Jerusalem. Jerusalem estoit assiegée par Titus, prince de diverse religion, allant aux hazards et dangers comme un simple soldat, et neantmoins si doux et gratieux qu’il acquit le surnom de Delices du genre humain ; Paris a esté assiegé par un prince de religion differente, mais plus humain et debonnaire, plus hazardeux et prompt d’aller aux coups que jamais ne fut Titus. Davantage ce Titus ne vouloit

  1. angile selon saint Jean, c. XIX, v. 7.
  2. arie le boiteux, dont la femme, Barbe Aurillot, mourut en odeur de sainteté, le 18 avril 1618, et est connue sous le nom de la bienheureuse Marie de l’Incarnation.