Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/304

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entre les mains du Roy d’Espagne comme luy appartenant, ils n’avoient faict que ce que devoient faire de bons et loyaux subjects, et en auroient leur retribution et salaire au Ciel ; mais, s’ils l’avoient livré, croyants qu’il ne lui appartint point, pour l’oster à leur maistre, ils meritoient d’estre penduz comme traistres. Voilà le salaire qui vous attendroit, aprés que vous nous auriez livrez à de telles gens, ce que ne sommes pas deliberez de souffrir. Nous sçavons trop bien que les Espagnols, et Castillans, et Bourguignons, sont nos anciens et mortels ennemis, qui demandent de deux choses l’une : ou de nous subjuguer et rendre esclaves, s’ils peuvent, pour joindre l’Espagne. la France et les Pays-Bas tout en un tenant ; ou, s’ils ne peuvent, comme, à la vérité, les plus advisez d’entre eux ne s’y attendent pas, pour le moins nous affoiblir et mettre si bas que jamais, ou de longtemps, nous ne puissions nous relever et rebequer[1] contre eux. Car le Roy d’Espagne, qui est un vieil renard, sçait bien le tort qu’il nous tient, usurpant contre toute justice, le Royaume de Naples, et le duché de Milan, et le Comté de Roussillon qui nous appartiennent. Il connoist le naturel du François,

  1. Se rebiffer. Le verbe, prominal se rebequer qui implique l’idée d’arrogance, d’insolence, a, en Champagne, un substantif : rebéquat, qui désigne un enfant insoumis et irrespectueux.