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Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/310

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ils se sont apperceus que cest Arnest n’estoit point harnois qui nous fust duisant, ils ont parlé d’un Prince de France à qui on marieroit l’Infante, et les feroit-on Roys de France in solidum. Et pour tout cela se sont trouvez memoires et mandats à propos, signez de la main propre de : Yo el Re[1]. A quoy Monsieur le Légat servoit de couratier[2], pour faire valoir la marchandise, car il n’est icy venu à autre fin, comme n’estant Cardinal que par la faveur du Roy d’Espagne[3], avec protestation de ruiner la France ou la faire tomber en pieces entre les mains de ceux qui l’ont faict ce qu’il est ; et sçavons qu’il a un bref special pour assister à l’election d’un Roy de France 4. Ha ! Monsieur le Legat, vous estes descouvert, le voile est levé ! Il n’y a plus de charmes qui nous empeschent de veoir clair ; nostre necessité nous a osté la taye des yeux, comme vostre am- archiduc ; proposition repoussée par les Etats qui déclarèrent que le peuple n’admettrait pas pour souverain un prince étranger ; les Espagnols lui choisirent alors pour époux le jeune duc de Guise.

  1. Moi, le roi.
  2. Entremetteur, courtier. Ce mot a été employé jusqu’au XVIIIe siècle, où il a pris sa forme moderne courtier.
  3. L’évêque de Plaisance fut fait cardinal en 1591, à la recommandation du roi d’Espagne et du duc de Parme.


4. Il paraît établi que le cardinal de Plaisance avait pouvoir du Pape Clément VIII pour procéder à l’élection d’un roi de France.