Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/375

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qui a. esté moult bien receu, et que j’ay imprimé (je suis typographe, à vostre commandement) sans connoistre sa valeur, parce que je n’en fy, du commencement à Tours, que sept bu huict cents exemplaires. Mais sitost qu’il a esté veu à Paris, où je l’ay apporté avec mes presses et mes meubles, tout le monde l’a trouvé si beau et si bien faict qu’on y a couru comme au feu, et a fallu que je l’aye imprimé en trois semaines quatre fois, et suis prest de l’imprimer pour la cinquiesme, si j’avoy communiqué seulement demy heure avec l’autheur. — J’ay souvent ouy dire à mon cousin, dit alors cest honneste homme, qu’il estoit bien marry que cela avoit esté mis en lumiere sans qu’il Peust reveu, et retranché plusieurs choses qui peut estre se trouvoient passables lorsqu’il le composa, mais, au temps où nous sommes, pourroient engendrer quelque scandale et offenser des personnes de qualité qui y sont nommées ou designées ; car ceux qui ont reconneu et amandé leurs fautes meritent qu’on en supprime et ensevelisse la memoire plustost que la rafraischir et perpetuer par des escrits piquants et facetieux[1]. Aussy ! ’ay-je ouy plaindre d’un libraire qui, par avarice ou jalousie des" autres, a faict imprimer cet œuvre en petits caracteres mal corrects et mal plaisants, et a esté si temeraire d’y oster et d’y adjouster ce qu’il a voulu (ce que la justice ne devroit pas endurer). Toutesfois l’argument est public, où chascun peut faire des additions qui servent à la matiere ; car, au reste, je sçay fort bien que mon

  1. Dans les éditions postérieures on supprima en effet des passages et des noms, parce que ceux auxquels ils s’appliquaient avaient fait leur soumission au roi.