Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/388

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mesdire d’un poltron qu’à louer un homme de bien. C’est la punition que les meschants ne peuvent eviter ; et, s’ils ont tous leurs plaisirs d’ailleurs, pour le moins faut-il qu’ils ayent ce desplaisir et ce ver sur le cœur, de sçavoir que le peuple les deschire et les maudit secrette-meiit, et que les escrivains ne les espargneront pas après leur mort. Dieu mercy ! nous ne sommes point soubs un Tibere qui espie les paroles des subjects, ou qui fasse de toutes offenses nouveaux articles de crime de leze-majesté. Il donne aux gens de bien autant de liberté qu’ils en doivent desirer ; il connoist le naturel des François, comme luy, qui ne peuvent souvent souffrir ny toute la servitude, ny toute la liberté. Aussy ne seroit-il pas raisonnable de rafraischir, à toutes heures et à jamais, nos vieilles querelles, et user de façons injurieuses qui empeschassent la réunion de son peuple à une mesme devotion soubs son obeyssance, car il faut plus tascher d’adoucir nos maux que de les aigrir, afin que nous nous rangions tous à l’ancienne fidelité et humilité que devons à nos Roys, sans partialité ny bigarrure. Mais aussy ne peut on trouver mauvais qu’on y pique ceux qui s’y monstrent retifs, et qui semblent quasy se repentir de s’estre repentis. En tout evenement, quand il n’y aura que les notoirement meschants qui s’en scandaliseront, je croy que les Parisiens ne s’en donneront gueres de peine. Je ne doute point que le petit Olivier, et Bouclier, et Dorleans, ne soyent maintenant bien empeschez pour faire un Antica-tholicon et des Apologies contre des Tableaux et Tapisseries, car ils ont loisir à revendre ; mais on les y attend,