Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/40

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temps qu’il lui prédit un succès littéraire que la postérite a ratifié.

« Quelques bons et gentils esprits du temps, qui s’employèrent à descrire la tenue et l’ordre desdits estats, en firent un livre intitulé le Catholicon d’Espagne, ou Satyre Ménippée, dans lequel, souz paroles et allégations pleines de raillerie, ils boufonnèrent, comme en riant le vrai se peut dire ; ils déclarèrent et firent apertement recognoistre les menées, desseins et artifices, tant des chefs de la Ligue et Espagnols que desdits estats par eux apostez, et si par divers discours et harangues qu’ils firent faire aux uns et aux autres, selon leurs humeurs, caprices et intelligences, en telle sorte qu’il se peut dire qu’ils n’ont rien oublié de ce qui se peut dire pour servir de perfection à cette Satyre, qui, bien entendue sera grandement estimée par la postérité ; et d’autant qu’aux premières impressions d’icelle il y avoit certaines choses un peu libres, mais très véritables, qui touchoient quelques particuliers et principaux entremetteurs dudit party, lesquels estoient depuis revenus en l’obéissance du Roy, ils firent tant qu’aux secondes impressions ils en retranchèrent ce qui les offençoit, et ne peurent néantmoins empescher que le tout ne fust demeuré dans la mémoire et dans la bibliothèque des plus curieux du temps, pour leur servir de honte, et d’exemple à leurs semblables de ne se laisser emporter à telles furies pour leurs intérests et passions à chacun en particulier. »

Ce serait méconnaître étrangement le caractère des auteurs de la Satyre Ménippée que de les considérer soit