Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/68

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Carmes, Capuchins, Minimes, Bons-Hommes, Feuillants et autres, tous couverts avec leurs capuchons et habits agrafez, armez à l’antique Catholique, sur le modele des Epistres de sainct Paul[1] : entre autres y avoit six Capuchins, ayant chacun un morion en teste, et au dessus une plume de coq, revestuz de cottes de maille, l’espée ceinte au costé par dessus leurs habits, l’un portant une lance, l’autre une croix, l’un un espieu, l’autre une harquebuse, et l’autre une arbaleste, le tout rouillé par humilité catholique. Les autres presque tous avoient des piques qu’ils bransloient souvent, par faute de meilleur passe temps, hormis un Feuillant boiteux[2], qui, armé tout à crud, se faisoit faire place avec une espée à deux mains, et une hache d’arme à sa ceinture, son breviaire pendu par derriere ; et le faisoit bon veoir sur un pied, faisant le moulinet devant les dames[3]. Et, à la queue, y avoit trois Minimes,

  1. Il y a ici un trait satyrique dirigé contre ces moines belliqueux. S’ils étaient armés à l’antique catholique, ce ne serait que d’armes spirituelles, comme le dit saint Paul dans sa deuxième épitre aux Corinthiens.
  2. Bernard de Montgaillard, surnommé le petit feuillant.
  3. Ainsi qu’il fit en 1590 pendant le siège de Paris. Ici la satyre n’invente rien et se rencontre avec la réalité historique. Voici la traduction d’un passage de de Thou, livre XCVIII, qui en est la preuve : « Il allait sur son pied boiteux, ne s’arrêtant nulle part, courant à droite, à gauche, tantôt en tête, tantôt