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Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/86

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La huictiesme estoit la representation des Paradis[1] de Paris, in plurali, dedans lesquels, et par dessus le sainct Ciboire, estoient les images de trois Saincts[2] nouvellement imprimées depuis le Calendrier Gregorien, portants jeusnes doubles. L’un d’iceux estoit habillé de noir et de blanc, en pie griesche, ayant un petit cousteau en la main, comme un coupeur de bourse, tout autre que celuy de Sainct-Barthelemy. L’autre estoit vestu d’une soutane rouge, et d’une cuirasse par dessoubs, et un chapeau de mesme à longs cordons, ayant en la main une coupe pleine de sang dont il sembloit vouloir boire ; et de la bouche d’iceluy sortoit un escriteau en ces mots : State in galeis, polite lanceas, et induite vos loricis. Le troisiesme estoit un Sainct, à cheval comme Sainct Georges, ayant à ses pieds force dames et damoiselles à qui il tendoit la main[3], et leur monstroit une couronne en l’air à laquelle en souspirant il aspiroit, avec ceste devise : Difficilia quæ pulchra. Le peuple leur portoit force chandelles, et disoit de nouveaux suffrages, attendant

  1. On appelait Paradis des chapelles ou autels parés et éclairés extraordinairement, comme le sont les reposoirs de la Fête-Dieu, ou les tombeaux du Jeudi Saint. A Rennes ces tombeaux de la semaine sainte sont encore nommés aujourd’hui Paradis.
  2. Ces saints de la Ligue étaient Jacques Clément, assassin de Henri III ; le cardinal et le duc de Guise, tués à Blois en 1588.
  3. Le duc de Guise passait pour fort bien vu des dames.