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DES CHEVAUX
LA FEVE.


C’Eſt ce que pluſieurs appellent le Lampas ; cela ſe connoît en ouvrant la bouche du Cheval & regardant au palais d’en haut, lorſque la chair ſurmonte plus haut que les Dents de devant ; ce qui fait qu’ils ont de la peine à manger, leur Avoine & même le Foin quand il eſt trop rude ; quoi qu’ils puiſſent bien manger du Son, de l’Herbe, ou du Foin fort tendre. Le remède en eſt auſſi facile que pour les Barbes, puiſqu’en lui mettant le Pas d’Ane dans la bouche, pour la lui faire tenir ouverte, & avec un fer chaud, on lui brûle & on lui enléve un petit morceau de chair, gros comme une féve & cette operation ſe fait delicatement près les Dents de devant : c’eſt ce qui lui fait prendre le nom de Feve. Enſuite on lui donne pendant trois ou quatre jours du Son moüillé, en place d’Avoine, après quoi le Cheval mangera à ſon ordinaire.


CIRONS AUX LEVRES.


AYant regardé dans la bouche du Cheval & n’ayant point trouvé les deux deffauts cy-devant, il faut lui relever les Lévres haut & bas, & peut-être y trouvera-t-on pluſieurs petites élevation en forme de petits cirons blancs ; ce qui fait que le dedans des Lévres n’eſt pas égal : on le ſent même en paſſant avec le doigt par deſſus ce deffaut, qui quoique petit empêche ſouvent les Chevaux de manger à leur ordinaire. Pour y remedier, il faut prendre un bon clou de fer applati par le bout avec lequel il lui faut cicatriſer les Lévres en toutes ſortes de ſens, en dedans, haut & bas, comme il eſt marqué cy-après.

Il faut auſſi que le ſang ſorte tant ſoit peu de toutes les cicatrices : Enſuite il faut lui donner un coup de Corne au milieu du Palais d’en haut, entre les Crochets & les Coins ; & prendre garde de donner dans un trou qui ſe trouve vis à vis des Coins ; car il pouroit ſaigner par cet endroit-là juſqu’a perdre tout ſon ſang ; & ſi ce malheur arrivoit par la mal-adreſſe de celui qui lui auroit donné le coup de Corne, il faudroit prendre promptement une coque de noix, ou quelqu’autre choſe de même figure à peu près, avec un petit morceau d’éponge, ou charpis de vieux linge, dont les Chirurgiens ſe ſervent pour les playes, ou un peu de filaſſe pour remplir à peu près la moitié de cette coque, l’ayant moüillé & roûlé dans une poudre nommée Minium, dont les Peintres ſe ſervent pour peindre en rouge les Roües & Trains de caroſſes ; l’ayant mis dans cette coque il faut faire ouvrir la bouche du Cheval & l’appliquer vis-à-vis d’où ſort le ſang & avec un Bandeau de linge le faire tenir en l’attachant par deſſus le nez ; ſi cet appareil peut ſeulement reſter deux heures, on doit être ſûr que le ſang ſera étanché.

Pour revenir au coup de Corne ; lorſqu’il eſt donné adroitement ſans que cet accident de l’Ail pilé, du Sel, & du Vinaigre & avec un tampon de linge attaché au bout d’un Bâton, en lui frottant bien tout le dedans des Lévres cicatrifiées & le dedans de la bouche. Quelques heures après il faut lui donner du Son mouillé, & après cela faites-le nourrir à ſon ordinaire. Ces trois deffauts ſuſdits n’arrivent ordinairement qu’aux jeunes Chevaux, les vieux en étant exemts, parcequ’ils ont le dedans de la bouche décharné & plus ſec que les jeunes.

Les
B