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DES CHEVAUX
MANIERE DE DENERVER UN CHEVAL.


C'Eſt à quatre doigts au deſſous des Yeux que l’on doit faire les inciſions. Il ſe trouve une eſpece de Muscle au deſſous des Yeux, aux deux côtez d’en haut du Nez, en deſcendant le long du Front ; on peut le manier avec la main & enſuite on fait la troiſième inciſion au bout du Nez, qui eſt au deſſus des Narines & ces deux Muſcles ſe joignent au milieu, n’étant pas plus gros en cet endroit, que le Tuyau d’une plume ; & en haut où on les a coupez, ils ſont gros comme le Pouce. Il faut les tirer tous deux avec une Corne de Chamoix par la Playe d’en bas. Cette dernière Operation étant faite & guerie ; on peut s’aſſurer que le Cheval recouvrera le Vûë, ſupoſé que toutes les Operations ſoient bien faites, & que le Cheval ſoit pris à tems ; c’eſt à dire qu’il n’ait pas paſſé une Lune ou deux. Quoiqu’il ſoit arrivé ſouvent qu’ayant paſſé trois ou quatre Lunes la Vûë ſoit revenuë à un Cheval & qu’elle ait reſté bonne. Mais il y a du hazard ; & la premiére ou ſeconde Lune on ne doit point négliger l’Epreuve ; ces ſortes d’Operations ne coûtent pas beaucoup à faire : le tout ne dépend que de l’adreſſe de celui qui les fait. On trouvera dans une des Figures les veritables endroits marquez où l’on doit les faire.


REMEDE POUR UN CHEVAL QUI A UNE TAYE SUR L’OEIL.


PRenez de l’Herbe nommée de l’Eclére qui croit près des vieilles murailles, ou quelque fois dans les Hayes, toûjours à l’ombre, c’eſt à dire, au Nord: Elle donne une Fleur jaune & rompant les Branches ou les Feuilles il en ſort un eſpece de Lait qui eſt jaune, & ſi on s’en frotoit les Joües, ou les Lévres, cela cuit comme ſi on ſe brûloit.

Il faut de cette Eclére. 
 2. Poignées.
Lierre Terreſire. 
 2. Poignées.
De la Morelle. 
 2. Poignées.
De la Scolopendre. 
 1. Poignée.

Pilez le tout enſemble dans un mortier & en tirez le jus; paſſez-le à travers un linge fort fin, pour qu’il n’y paſſe que le jus; trempez-y la barbe d’une plume avec laquelle vous l’introduirez dans l’Oeil du Cheval 3. ou 4. fois par jour & lorſque vous vous apercevez que la Taye ſe diſſipe, vous prendrez un peu d’Eau-Roſe, & un peu de plantain à proportion que vous aurez de ce jus; vous le traiterez tous les jours juſqh’à gueriſon: Mais ſi la Taye étoit trop vieille & trop dure, & qu’elle ne voulût pas céder au préſent Remede; il faudroit y ajoûter un peu de Sel ordinaire & un peu de Verjus, ſuivant la dureté de la Taye. Il y a peu de Taye qui reſiſte à ce Remede, s’il eſt fait proprement.


AUTRE POUR LES TAYES.


Il faut prendre des Coquilles de Limaçons de vigne, ou de ceux qui viennent dans les vieilles Murailles, les plus groſſes font les meilleures: ſi les Limaçons ſont encore dedans, il faut faire boüillir pour les faire ſortir, en prendre les Coquilles, les faire bien calciner, les réduire en poudre

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