Renez deux ou trois Têtes d’Ail & une Poingée de Graines de Geniévre pilées dans un Mortier ; ajoûtez-y un verre d’Eau de Brionne & prenez Poivre, Gingembre, de chaque eſsece une Once ; Canelle demie Once, Cloux de Gerofle demie Once ; tout cela réduit en poudre : Prenez un verre d’Eau de Vie, un quarteron de Mil & une Once de Tabac ; vous ferez tremper le tout dans l’Eau de Vie & une Pinte de Vin blanc & laiſſerez inſuſer le tout dans un Pot de terre, pendant une nuit ſur de la Centre chaude, le pot étant bien couvert. Le lendemain donnez-lui un petit Boüillon, après vous paſſerez cette Inſuſion par un Linge, & vous la ferez prendre au Cheval dans un tems doux & calme : mais il faut que le Cheval ait été quatre heures au Filet, & avant que de lui faire prendre le Remede vous le monterez & promenerez, tantôt au trot, tantôt au galop & longtems au pas, avant que de le mener à l’Ecurie, pour qu’il n’ait plus chaud. Cette promenade doit durer environ deux heures. Etant de retour à l’Ecurie vous le remettrez au Filet pendant deux heures ; & il le faut couvrir après l’avoir bien frotté avec de bons Bouchons de Paille. Vous pouvez faire ce Remede cinq à ſix fois dans quinze jours, & s’il ne guérit pas par ce Remede n’en cherchez point d’autres.
L faut ſavoir qu’il y en a de ſix ſortes ; dont il s’en trouve cinq que l’on peut guérir, étant bien traitées. La ſixieme eſt abſolument incurable ; mais tout le monde ne la connoît pas. Si tôt qu’une perſonne a guéri quatre ou cinq Chevaux du Farcin, elle prétend avoir un Remede univerſel, croyant que tout Farcin eſt le même. Ainſi donc je donnerai la connoiſſance des ſix ſortes, par leurs Noms & leurs Effet, étant néceſſaire de les connoître avant que d’entreprendre la guériſon.
| Le premier, s’appelle Farcin Farini Oculus. Le ſecond, Farcin Volant. La troiſième, Farcin Cordé. La quatrième, Farcin Cul de Poule. Le cinquième, Farcin Chancreux. Et le ſixième, Farcin Intérieur. |
Ette eſpéce de Farcin ſe maniſeſte par de petits Boutons qui ne ſortent ſeulement que de la Peau, venant les uns auprès des autres ; quand les uns ſéchent les autres repouſſent, & ce Farcin eſt de peu de conſequence ; car pour peu qu’on y apporte le mondre Remede, qui eſt de le mettre d’abord au Son & ne lui point donner d’Avoine, une ſaignée ou deux ; ſeroient capables de le guérir & ſi cela n’arrivoit on pourroit le purger doucement, après quoi tout s’en iroit en lavant tous les petits Boutons avec l’Urine d’homme qui ſe porte bien, ou celle d’un autre Cheval, ou de celle de Vache ; celle-ci ſeroit la meilleure de toutes. Mais avant que d’entreprendre de purger un Cheval, il faut uſer de précaution ; car telle Medecine qui auroit purgé cent & cent Chevaux avec bon ſuccez, pouroit
