Page:Saunier - La Parfaite Connaissance des chevaux.djvu/7

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PREFACE

achât conſiderable. Quoique j’euſſe eu diverſes occaſions dans ces differens Poſtes, de faire pluſieurs Remarques importantes, il me ſembloit que les ſujèts me manquoient pour faire de nouvelles Expériences ſur ces Animaux ſi utiles à l’Homme. Pour ſatisfaire cette Paſſion, je me jettai dans les Vivres & j’y reſtai jusqu’à la Paix de Ryſwick : Quelle foule d’Expérience ne fis-je pas alors ſur tant de chevaux attaquez de mille Accidens differens ! A la Paix, le Marquis de Courtenvaux, fils aîné de Mr. de Louvois, me fit ſon Ecuyer, & c’eſt alors que je lui établis un Haras à Montmirel en Brie. Je revins enſuite travailler ſous mon Père à la grande Ecurie du Roy juſqu’en 1702. qu’étant entré Ecuyer chez le Comte de Medavi, Lieutenant-General en Italie, j’y fis trois Campagnes, pendant leſquelles, la Mortalité, qui ſe mit parmi les Chevaux, me fournit des occaſions ſans nombre de perfectionner mes connoiſſances, par des Expériences de toutes les eſpèces. Je me remis alors dans les Vivres, où, en qualité d’Inſpecteur general, j’avois ſous ma Direction près de deux mille cinq cens Chevaux qui eſſuïèrent, & en Italie, & en Allemagne, toutes ſortes de Maladies.

Voila les differentes Ecoles où j’ai perfectionné, par une pratique de plus de 27. années, les préceptes que j’avois reçû de mes Maîtres, & où j’ai connu par expérience le bon & le mauvais de tant de Remèdes, dont quelques Auteurs ont fait d’amples Recueils, ſans ſouvent en avoir mis un ſeul en œuvre, & de tant d’autres que la plûpart des Marêchaux, ne ſavent que par tradition, & qu’ils appliquent indifféremment à toutes ſortes de Chevaux ſans examiner ni leur temperament ni leur origine, (car il faut ſouvent traiter différement la même Maladie dans un Cheval d’Eſpagne & dans un Cheval de Friſe,) ni même la véritable cauſe du Mal, qui doit pourtant déterminer la nature du Remède.

L’Ouvrage que je donne au Public eſt donc compoſé des Leçons que j’ai reçûës de mon Père, qui a paſſé pour

habi-