Page:Saurin - Œuvres choisies, Didot, 1812.djvu/48

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Doit craindre...

Émilie
l'interrompant.

Spartacus, s'il ne faut que ma vie,

Vous pouvez...

Spartacus
l'interrompant à son tour.
La reconnaissant.

Quelle voix ! Et quels traits ! Émilie !

Est-ce un songe, Madame ?... En croirai-je mes yeux ?

La fille de Crassus... vous, Émilie ?... Ô Dieux !

Émilie

Oui, c'est moi qui par vous secourue à Tarente,

Dans mon état obscur, peut-être, plus contente,

Du sang dont je suis née ignorais la splendeur.

Spartacus

Ah ! Ce sang odieux manquait à mon malheur.,.

À se percer le sein Rome a forcé ma mère...

Crassus est son consul ! Crassus est votre père !...

Ah ! Parlez, hâtez-vous, éclaircissez mon cœur ;

Ne dois-je désormais vous voir qu'avec horreur ?

Émilie

Absent de Rome alors, par cette barbarie

Il n'aurait point souillé l'honneur de sa patrie :

Crassus de votre mère a déploré le sort.

Spartacus

Et bien ! Puisque j'en dois croire votre rapport,

Puisque le ciel enfin veut que je vous revoie,

Pour Spartacus encore il est donc quelque joie !

Oui, je sens qu'à travers une nuit de douleur...

Que dis-je ?... Quelle honte ! Ô ciel ! Et quelle horreur !

Quoi ! Ma mère n'est plus !... Quoi ! Son sang fume encore.

Et vous êtes Romaine, et mon cœur vous adore !...

Non, je vous dois haïr.

Émilie

Moi qui de vos bienfaits,

Moi qui de vos vertus éprouvai les effets ?