Page:Saurin - Œuvres choisies, Didot, 1812.djvu/66

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de fer la cime hérissée,

Et le soleil brûlant dans les yeux du soldat

En renvoyait encor le formidable éclat.

Au péril toutefois opposant le courage,

Je dispose l'attaque, et le combat s'engage :

Mais le lieu, le soleil protègent les Romains ;

Leurs traits lancés d'en-haut portent des coups certains.

Ma troupe est repoussée ; en vain je la ramène.

Bientôt, sourd à ma voix, chacun fuit et m'entraînes

Quand Spartacus accourt, saisit un étendard,

Me présente en fureur la pointe de son dard :

« Lâche ! Arrête, dit-il.... Compagnons, qu'on me suive,

C'est là qu'est l'ennemi. » Cette apostrophe vive,

Sa démarche, sa voix, son œil étincelant,

Et, s'il faut l'avouer, je ne sais quoi de grand

Et de terrible peint sur ce front qu'on renomme,

Tout en lui nous parut être au-dessus-de l'homme.

Ce n'est point un mortel, un héros ; c'est un dieu.

Aux cœurs les plus glacés il prête un nouveau feu.

Le soldat pousse un cri, sur ses pas s'abandonne :

Nul obstacle n'arrête, aucun péril n'étonne ;

L'on monte, l'on gravit, l'un sur l'autre porte.

Sur la cime déjà l'étendard est planté,

Et l'aigle des Romains fuit et se précipite...

Tu vois qu'à Spartacus je rends ce qu'il mérite ;

Mais, méritais-je, moi, de m'en voir outragé ?

Sunnon

L'affront n'existe plus quand l'outrage est vengé.

Hâtez-vous de saisir l'occasion présente,

Tandis que des Gaulois la cohorte puissante

Tient le poste important par eux-même forcé.

Noricus

Je ne balance plus... Mon honneur offensé...

Oui, Sunnon

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