Page:Saurin - Œuvres choisies, Didot, 1812.djvu/68

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Non, sans doute... Eh bien ! Donc, je crois qu'au fond de l'âme

Noricus ne me garde aucun triste retour :

Je crois que, comme moi, vous êtes sans détour,

Et que votre amitié vient de m'être rendue :

J'y compte... Le consul demande une entrevue ;

Il va se rendre ici. J'ignore ses desseins ;

Mais que peuvent de nous attendre des Romains ?

Vengeurs des nations, enfants de la victoire,

Le jour approche, enfin, où guidés par la gloire,

Nos mains renverseront ces monts audacieux,

Ces remparts menaçants, d'où l'aigle impérieux

Du nord jusqu'au midi fait retentir sa foudre,

Met tout en servitude, ou réduit tout en poudre.

Le ciel permet enfin cet espoir à mes vœux.

Noricus
voyant approcher Crassus.

Le consul qui paraît...

Spartacus

Qu'on nous laisse tous deux.

Noricus, Sunnon et les chefs de l'armée sortent.



Scène III

Crassus, Spartacus, sa Suite (restant au fond du théâtre)

,

Crassus
À Spartacus.

Les dieux vous ont sur nous accordé l'avantage,

Mais à votre valeur je dois ce noble hommage

D'avouer que du ciel, irrité contre nous,

Spartacus a trop bien secondé le courroux :

Un grand cœur rend justice à son ennemi même,

Et je respecte en vous cette valeur suprême

Qui d'un puissant génie empruntant le ressort,

Et jugeant d'un coup d’œil, indépendant du sort,