Page:Saurin - Œuvres choisies, Didot, 1812.djvu/86

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Ah ! Pour aimer faut-il être barbare ?

Spartacus

D'un magnanime amour c'est le plus digne effort ;

Mais de m'abandonner aux horreurs de mon sort,

De m'en laisser subir toute l'ignominie,

Voilà ce qu'il faudrait appeler barbarie !...

Avec indignation , en la voyant pleurer.

Vous répandez des pleurs.

Émilie

Non... Je n'en verse plus,

Spartacus... Non, tes vœux ne seront point déçus ;

Mon cœur va les remplir, et tu vas me connaître ;

Tu vas voir si ce cœur, digne du tien peut-être,

Dut être soupçonné de t'avoir pu trahir...

Il ne te reste plus, sans doute, qu'à mourir.

Annibal s'immola persécute par Rome ;

Il te faut dans sa fin imiter ce grand homme :

Ta vie a surpassé sa gloire et ses travaux...

Je te dois les moyens de mourir en héros.

Lui montrant un poignard.

Reçois donc ce poignard, dont je m'étais armée

Quand pour Rome tantôt justement alarmée...

Spartacus
l'interrompant, et voulant prendre le poignard.

Donnez... Ah ! Ce présent ne se peut trop chérir !

Émilie
se frappant du poignard, et le lui présentant ensuite.

Tiens...

Spartacus

Ciel !...

Émilie

Prends !... C'est ainsi que j'ai dû te l'offrir.

Spartacus
prenant le poignard.

Trop généreuse, hélas !... Trop cruelle Émilie !...

Qu'avez-vous fait ? Faut-il qu'au prix de votre vie...

Émilie
l'interrompant.

Tu vois si je t'aimais, Spartacus ?... Je me meurs.

Spartacus
se frappant du poignard.

Je vous suis...

Les gardes, qui sont accourus lorsqu'ils ont vu briller le poignard, les reçoivent tous deux.



Scène XIII

Crassus, Spartacus, Émilie, Gardes

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