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158 RACINES CONTENANT UN è MÉDIAL.

2. Rac. krëm. Elle donne en grec Kprmvôç, Kpniavrmi, et, au degré 2, KpiwiaaH (aussi KXiû)LiaH). Le got. hramjan pour lequel on attendrait *hromjan s'est dirigé sur les racines à e bref. Le gr. Kpé- |Lia|Liai donne la forme faible.

3. Rac. têm. Lat. têmëtum, têmulentus. Miklosich (Lexicon palaeo- slavé) compare à ces mots le sl.timica «boue» dont le premier i re- présente donc un ê long. La forme faible se trouve dans tenebrae et le si. tïma. La comparaison des mots sanskrits (p. 161) montre que le rac. fëm ou stëm réunissait en elle les idées à'htimidité, d'oh- samté^ de silence^ âHmmôbiUté. Au figuré elle rend aussi celle de tristesse.

4. RsiC. dhën. h&t.fënus; gr. ev-bY]via k côté d'ev-bevia {skr. dhâna).

5. Rac. sëd. Lat. sédes (ancien neutre en -as), sëdulus, sédare. Lit. sëdéu, sédëti. Je ne sais comment on explique le présent slave sfdq; l'infinitif fait sesti. Au degré 2 séd donne sôstas «siège» et non «sastas^. Semblablement on a en slave saditi «planter» et non ^soditi-». Le grec et le germanique ont toujours \'e bref. Il ne peut appartenir primitivement qu'à la forme faible. Got. sitan, gr. êZ!o|iai, ëbpa, ëboç icî.sëdes). Sur l'i de îbpùuj qui est important cf. p. 169.

6. Rac. stêg. Lat. têgula. Lit. stegiu et stôgas, non «stagas>. Il faut que CTtéTiu, tego^ tétoç etc., soient sortis secondairement, bien qu'à une époque très reculée, de la forme faible. De même tôga est nécessairement hystérogène.

7. Rac. sîvédh. Gr. »iôoç, parf. eïuiôa^ En latin, peut-être suësco et probablement sodés (pour *svëdes) qu'on a rattaché à rjO-eîoç (*r|ôe(T-io). La forme faible se trouve dans le got. sidus, le lat. sô-

��1. Qn a reconstruit nijoba» en supposant une action progressive du di- gamma sur l'o (Brugmann, Stud. IV 170). Le seul bon exemple qu'on ffùl citer pour une modification de ce genre, c'étaient les participes comme TcOvriôiTO. Cet exemple tombe, si l'on admet que l'iu est emprunté au nominatif Teôvridiç, ce qui est à présent l'opinion de M. Brugmann lui-même (K. Z. XXIV 80). A ce propos nous ne pouvons nous empêcher de manifester quelque scepticisme à l'égard des innombrables allongements tant régressifs que progressifs qu'on attribue au digamma. Peut-être ne trouverait-On pas un cas sur dix qui soutînt l'examen. Ici la voyelle est longue dès l'origine, par exemple dans kXôÎç, vriôç, f|oç, iKr\a, driëo|uai, <p&ea etc.; là il s'agit de l'allongement des composés comme dans laerriopoç; ailleurs c'est une diphtongue qui se résout comme dans r\{ij(; pour *ausôs, *auôs, *auwôs, *âwôs (cf. dor. éEiupdbia, irXriiuv venant de

  • èîovdbia, irXeiujv). Et comment explique-t-on que les mots comme yXukOç,

sauf éOç éf\oç, ne fassent que f^vjKéoç quand TOKeùç fait TOKfioç':* — Nous re- connaissons bien que certaines formes, p. ex. neipe de eïpuj, ne comportent jusqu'à présent que l'explication par le digamma.

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