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180 OPTATIF EN -ya. OPTATIF DES VERBES THÉMATIQUES.

Au pluriel et au duel de l'actif le même ï apparaît dans toutes les langues européennes: lat. s-î-mws (sing. s-te-w), gr. e-î-|uev (sing. e-ïr|-v), si. jad-i-mû (sing. jazdî=*jadjï), got. ber-ei-ma (le sing. bereip s'est dirigé sur le pluriel). Nous renvoyons au travail déjà cité de M. Paul, Beitr. IV 381 seq., sans pouvoir toutefois nous associer à la con- ception de l'auteur qui voit dans Vï «une contraction de-yfi». En sanskrit nous trouvons au pluriel et au duel de l'actif lihyàma, lih- ydva etc. Ces formes sont dues à l'extension analogique du singulier. Qu'on considère: l'* que les langues d'Europe sont unanimes dans Vï; 2" que la théorie générale de la flexion veut î, non ya; 3° que les cas comme pâmi pâmas en regard du gr. (pâ}i\ cpajuév établissent un précédent pour la propagation de l'a long (p. 138); 4^ qu'en sanskrit même le moyen offre l'f et que toute divergence entre le moyen et le pluriel-duel de l'actif a un caractère anormal; 5" enfin que le zend montre l'i dans quelques formes actives: Justi donne daibîtem (3* p. du.), puis çâhit, fra-zahif, daidït, formes du singulier qui ont reçu l'f par analogie^.

Le précatif védique (Delbriick,^.c. 196) suit exactement dans sa flexion l'exemple de l'optatif. Actif: bJiu-yâs-am, kri-yâs-ma; moyen: mué-îs-fa etc.

5. Optatif de la conjugaison thématique. La caractéristique, ainsi que l'admet M. Benfey, est un -ï long^ que nous croyons sorti de -ya^A à peu près comme dans les formes faibles dont il vient d'être question. Mais il est fort difficile de dire d'après quel principe la réduction de -ya^A en -ï = *y^ a pu se faire ici, la tonique précédant la caractéristique. La flexion est unique en son genre. On attendrait que le thème skr. tudé (== Hudd-i) fît au pluriel <!^tudimd*, puisque l'a est suivi d'un phonème. Mais on remarque que cet a est a^ (p. 83), ce qui, nous l'avons vu, change beaucoup la question. L'a se maintient donc, et il en résulte ce

8» syllabe du pada se trouve ainsi être une longue, selon l'habitude. Quant à duhîyat, M. Benfey y voit une forme thématique. Nous sommes donc en droit d'y supposer le thème faible duht-. — Parmi les optatifs que donne Delbrûck {l. c. 196) on trouve gaksiyât. Outre que dans le texte cette forme est placée tout près de papîyàt, Vî peut s'expliquer comme voyelle de liaison (allongée par l'effet de y).

1. En sanskrit l'optatif de la 3e classe accentue au moyen la syllabe de réduplication. Rien n'indique que cette particularité soit primitive.

2. On sait que l'oi de la 3e pers. sing. de l'optatif grec (itaibeùoi) ne compte jamais pour brève, et en conséquence l'accent reste sur la pénultième. Il y a peut-être là, comme on l'a supposé, un indice de l'f long.

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