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200 RÉPARTITION DES PHONÈMES ttj ET Oj ENTRE LES DIFF. CAS.

Pour ce qui concerne ce dernier point, nous nous permettrons seulement d'allirer l'attention sur le parallèle sâkhà{i) — AriTib posé à la page 187, et qui nous détermine, avec les autres arguments bien connus, à admettre l'ab- sence de sifflante après an, am, âr et ai dans la det-nière phase de l'indo- européen.

Nous adoptons la théorie où l'allongement provient d'une cause (inconnue) autre que l'action de l's, sans croire toutefois que les deux caractères se soient toujours exclus l'un l'autre. Comment concevrait-on skr. vés, lat. vates, gr. Zeûç (à côté de zd. kava, skr. sàkhà, cf. p. 185 seq.), si Vs déterminait l'allongement? En outre il y a des cas où la voyelle longue se trouve devant une explosive. Ainsi le nom. sanskrit de /^agfi «pied» est j)àd, p. ex. dans a-pâd. Si cette forme est ancienne, elle suppose un <î long proethnique. Mais sans doute on peut alléguer l'analogie des formes comme pâdam (= -rtôba). Citons donc tout de suite le germ. fôt-^ dont l'ô, si l'on n'admet quelque part un â long dans la flexion primitive du mot, est purement et simplement inexplicable. Or où l'a long pouvait-il exister si ce n'est au nominatif singulier? Le dor. trObç con- firme ce qui précède; -uoç dans Tpîuoç etc., est refait sur les cas obliques, cf. TTôXu-poç de PoOç. Quant à iroOç, c'est une forme obscure de toute fai^on et que nous ne considérons pas comme la base de itûjç. — Si l'on admet que l'a ■ du skr. nâpàtam soit a^ (p. 212), l'ô du nom. nûpât = zd. napâo (pour *nupà[t]s), comme l'ô du lat. nepôt-, prouvent aussi l'allongement. — Le lat. lôx permet la même conclusion: cf. gr. 6\^ et vôcare, lequel est apparemment dénominatif de *v6c-. — Enfin tous les mots comme lat. fur, gr. q)ujp, kXiûvjj, ^lûv^, okûjvij, irapa-pXiûnj venant de racines contenant e ne s'expliquent qu'à l'aide de l'allon- gement du nominatif. Plus tard la longue pénétra dans toute la flexion et même dans des dénominatifs comme fûrari, cpujpduj, kXujttôiu, lesquels se pro- pagèrent de leur côté (cf. Ppuj|Lidu>, bpw|Lidu), bujuduj, voijadu), ttujTdoiaai, Tpujîrduj, Tpwxôiu, OTpwqpduj). — A côté d'oivo^j on trouve oîvûjv|j, à côté d'êiron; ëTTUJira (Hes.). Cette variation de la quantité paraît remonter à la même source.

2. Locatif. Ici la permutation est manifeste. En sanskrit on a âMdram et dâtâri, uksdnam et uksâni^ ksâml et ksdmas (= gr. x^ôveç). Le même échange se traduit en gotique par aiihsin = uksàni (p. 84) en regard de auhsan et auhsans = uksdnam, uksdnas. M. J. Schmidt a comparé à ce paradigme germanique le lat. homo hominis homonem (vieux lat.), parallèle qui s'est confirmé de plus en plus pour ce qui est du nominatif et de l'accusatif. Aux cas obliques il est difficile d'admettre que Vi (= é) de homin- réponde à Vi (= e) de auhsin. La voyelle latine paraît plutôt être purement anaptyctique, hominis se ramenant à *homnis (cf. p. 45 en bas, et l'ombr. nomne etc.). En grec aî/ei pourrait bien appartenir au thème axSoG- (ace. aiûi) plutôt (ju'à *ai/b = lat. aevum.

��1. Le norr. fôt- est encore consonan tique. Le got. fotu- est né de fot- comme tun^u- de tunp-. La langue a été induite en erreur par le dat. pi. fo- ium et l'ace, sg. fotu, lesquels provenaient du thème consoiiantique.

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