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LES VERBES DE LA 7* CLASSE. 223

A l'aoriste en -a, il faut, pour expliquer à la fois l'affaiblisse- ment radical et l'état normal du redoublement dans vôéat, supposer un double ton primitif (wài-uk-d^-t), tel que le possèdent les infinitifs en -tavai et d'autres formes indiennes (Bohtlingk, Akzent im Sanskrity p. 3), Il concilie du reste l'accentuation du gr. eÎTreîv avec celle de vôdat. Les aoristes sanskrits comme atitvisanta ont modifié leur ré- duplication: il faudrait *atetvisanta.

Au présent, la plus grande incertitude règne. L'i de 'icrirmi et de piparti pose une énigme que nous n'abordons point. Toutefois la variabilité de l'accent dans la 3® classe sanskrite semble indiquer un double ton dans les formes fortes, ce qui permettrait de com- prendre nenekti, vevekti, vevesti (qui peuvent passer, il est vrai, pour des intensifs), zd. zaozaomi, daêdôvit, et en gr. beibiw. Au pluriel le ton, passant sur la désinence redevenait un, et en conséquence le redoublement perdait son a. De là les présents comme didésti. La flexion originaire serait: dédésti, didiçmâs^.

��Chapitre VI.

De différents phénomènes relatifs aux sonantes i, u, r, n, m.

��§ 14. Liquides et nasales sonantes longues.

Dans le 21® volume du Journal de Kuhn, pour la première fois peut-être depuis la fondation de la grammaire comparée, une voix autorisée a plaidé la primordialité des présents sanskrits de la 7* for- mation. Tout a été imaginé, on le sait, sous l'empire de l'idée théorique que l'indo-européen a horreur de l'infixé, pour expliquer comment ce groupe de présents avait pu sortir de la 5® et de la 9® classe. M. Windisch déclare qu'aucune hypothèse ne le satisfait, constate qu'aucune ne rend véritablement compte de l'organisme délicat des formes alternantes yunag- yung-, et trouve que ces pré- sents offrent au contraire tous les caractères d'une formation primi- tive. La 9* classe, dont personne ne met en doute l'origine pro- ethnique, a péri dans toutes les langues européennes, hors le grec.

��1. Dans cette hypothèse le redoublement dà- du slave damï, damu, vient du singulier, et le dà- du skr. dddâmi, du pluriel. Formes premières: dâ^Q-dâ^o- tni, plur. dç-dç-màs.

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