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i.Es MUTATIONS DU GROUPE sonante + ■^. ■ 23t

Une statistique spéciale que nous ne nous sentons pas en état d'entreprendre pourrait seule déterminer au juste dans quelle mesure la théorie proposée nécessite d'admettre l'extension et aussi la dispa- rition de Vî.

La conservation de Vi dans les mots-racines mérite d'être notée: vdni et sdni donnent les composés vrsti-vàni-s, upamâti-vâni-s, vasu- vâni-s; urga-sani-s, go-édni-s, pitu-sdni-s, vâga-sâni-s, hrdam-sàni-s. Ces formes -vani- et -sani-, évidemment très usuelles, ne sont pas de véri- tables thèmes en -i: l'accent, les racines dont elles dérivent, enfin le fait qu'on évite visiblement de former les cas à diphtongue — le Rig-Véda, sauf ûrgasane (voc.)i n'offre jamais que le nominatif et l'accusatif sing. — , tout y fait reconnaître le type vrtra-hàn. Le génitif de -sani n'a pu être primitivement que -san-as = -snn-as (cf. plus bas).

Devant les suffixes commençant par une voyelle, qu'observe-t-on? Les racines mardi, pavi, fart, gani, donnent mrd'û, pàv'ate, târ'ati, gdn'as. On pouvait le prévoir: le cas est le même que pour so- map'é = somap^-é, datif de sowm-j?â' (p. 190), et la voyelle élidée dans pdv'a- n'est autre, comme on a vu, que celle qui a dû subir le même sort dans la 3* pers. ipl. pun'ate ^ pun'-nté (p. 35).

Si maintenant nous prenons pour objet spécial de notre étude le groupe sonante -\- ^, il ressort premièrement de ce qui précède cette règle-ci:

Le groupe sonante + ^ précédé d'une voyelle rejette ^ s'il est suivi d'une seconde voyelle et demeure tel quel devant les consonnes.

Nous passons à la démonstration de la règle complémeritaire, qui forme le sujet proprement dit du présent paragraphe:

Le groupe sonante -|- ^, précédé d'une consonne où placé au com- mencementr du mot^ se change en sonante longue, quel que soit le pho- nème qui suit.

Ici plus qu'ailleurs il est indispensable de ne pas perdre de vue le principe que nous nous sommes efforcé d'illustrer dans les chapitres précédents. A part certains cas spéciaux, du reste douteux, tout affaiblissement proethnique, toute dégradation, toute alternance de formes fortes et faibles consiste invariablement, quelle que soit l'apparence qu'elle revête, dans l'expulsion d'ai. C'est ce principe

mann, Stud. IX 312, venait elle-même, par analogie, de l'aoriste en -isam, où ■îs et -it étaient nés de îs-s et -h-t.

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