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234 îr, ?7r = f; â et àm venant de nasales sonantes longues.

La raison qui, dans chaque cas, détermine la teinte i ou la teinte u est la plupart du temps cachée. Voy. sur ce sujet Joh. Schmidt, Voc. II 233 seq.

Parfois le groupe ur cache un w qui s'est fondu dans Vu: ainsi urnâ pour *wûrnâ = si. vlûna. L'existence du f long n'en est pas moins reconnaissable: r bref eût donné «■vrnâ>\ ou tout au moins «Mma». II serait à examiner pourquoi dans certains exemples comme hotr-vurya, v persiste devant ur.

Peut-être le groupe ûl -]- consonne est-il quelquefois l'équivalent, dans sa série, des groupes ïr et ur -f- consonne ; ul pourrait aussi être une modification du l bref déterminée, dans phulld par exemple, par une durative qui suit la liquide.

3. Séries de l'n et de Vm. L'entier parallélisme de l'a de gâta avec ï, û et îr == f, parle assez haut pour qu'on ne puisse sans invraisemblance donner à cet à aucune autre valeur préhistorique que celle d'une nasale sonante longue. Et cependant la mutation de n^ en n n'est pas peut-être sans offrir quelque difficulté. Je com- prends celle de r^ en f: c'est, à l'origine, une prolongation de l'r durant l'émission du ^. Pareil phénomène semble impossible quand c'est une nasale qui précède ^, l'occlusion de la cavité buccale, et par conséquent la nasale, cessant nécessairement au moment où le son ^ commence. De fait nous avons vu, à côté du gén. màfûr =

  • mat)^s, le groupe n^ subsister dans uksnâs. Le témoignage des

langues congénères n'est pas décisif, car la voyelle qui suit l'n dans lat. anàt-, v. h*-all. anud = skr. âtî, ainsi que dans janitrices, skr. yâtdr (sur ces mots cf. plus bas), pourrait être émanée de la nasale sonante longue, et n'avoir rien de commun avec le ^ proethnique qui détermine cette dernière. Il est concevable aussi, et c'est la solution qui nous paraît la plus plausible, que w"^ se soit changé en f^: il s'agirait donc, exactement, d'une nasale sonante longue suivie d'une voyelle très faible.

Nous ne faisons pas d'hypothèse sur la suite de phénomènes qui a transformé un tel groupe en â long. L'idée qu'une voyelle nasale aurait formé la transition est ce qui se présente le plus natu- rellement à l'esprit, mais je ne sais si la série de Vm, où c'est évi- demment âm {dântd = *dâmtd) qui fait pendant à l'a, est de nature à confirmer une telle supposition.

Remarque concernant certaines formes de la 9e classe. Le fait que le groupe n + -^ doit dans des cas donnés apparaître en sans- krit sous la forme d'un n long intéresse directement la flexion de la 9c classe,

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