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SECTION H. 307

Le tour absolu semble si certain dans les deux exemples, pré- cités que nous ne pouvions nous dispenser de les mentionner à cette place, quitte à présenter ensuite nos observations.

Le génitif, inutile de le dire, n'est point régime de vaé, mais on peut supposer qu'il a été amené indirectement par la présence de ce verbe. Un autre cas tout semblable est consigné ci-après sous vrajati.

Il arrive en effet parfois, quand l'action verbale est de celles qui appellent deux compléments différents, de voir donner à l'un la construction propre à l'autre; véritable quiproquo, qui n'est guère possible, du reste, qu'au cas où le second complément est absent de la phrase. Ainsi on trouve: prâninâm hanyamânânâm . . . Jcôpitê§u mahâtmasu (Bhâg. Pur. III 14, 39), littéralement «irrités contre les êtres tués» pour «irrités au sujet ou à la vue des êtres tués». Par réminiscence de amitrâd bhêtuni, maranâd bhêtum, «avoir peur de l'en- nemi, de la mort», on a dit jîviiâd bhêtum, «avoir peur pour sa vie» (Râm. VI 1, 28). C'est peut-être au même phénomène, dont nous verrons encore un exemple intéressant dans la section III, qu'il faut attribuer RV. VIII 1,5: para çuïkâya dêyâm na sahasrdya (pour çul- kêna, par attraction de putrâya dadâmif-.

Dans la phrase qui nous occupe, il est bien vraisemblable qu'une inadvertance de même genre a fait employer le génitif, c'est-à-dire la construction la plus courante avec le verbe vaô, quand même l'idée à exprimer n'était pas «dire à quelqu'un», mais «dire devant quelqu'un (à un tiers) »^.

(Verbe Vrajati.)

Pttr. 127,5. En citant ce passage à la page 294, après avoir écarté la possibilité d'un lien avec adhvani, nous avons considéré le génitif tê$âm vrajatâm comme absolu, afin de ne point compliquer la question. Mais il suffit de se reporter à la page indiquée pour voir que le cas est de tous points semblable à celui qui vient d'être traité sous praviçati, et qu'il suggère les mêmes remarques.

��1. Il y a quelque analogie entre ces faits et la confusion populaire des expressions françaises commencer par, commencer à.

2. Dire de quelqu'un se trouve même rendu par le génitif, grâce sans doute au même lapsus syntaxique (Râm. IV 58, 13. Kath. 49, 221. Bhâg. Pur. V U, 41. V 15, 7. V 26, 3).

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