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nasales sonantes du parfait et du présent.

tius (Verb. I²192) fait remarquer que l’hypothèse d’une racine κτα est inadmissible.

Parfait (cf. page 12). Les racines de la forme A présentent encore en grec des restes du parfait primitif tels que :

μέ-μα-τον ; cf. sing. μέ-μον-α de μεν
γε-γά-την ; cf. pf. sg. γέ-γον-α de γεν

et au moyen :

τέ-τα-ται de τεν   πέ-φα-ται de φεν[1]

Dans les formes indiennes, la voyelle de liaison a permis à la nasale de rester consonne : ǵa-gm-imá, ta-tn-išé. Le participe sa-sa-ván (de san) offre la sonante ; cf. cependant ce mot au registre.

Dans les racines de la forme B on peut citer avec M. Brugmann : skr. tastámbha, 3e pl. tastabhús (c’est-à-dire tastm̥bhús) ; ćaććhánda a un optatif ćaććhadyát. En grec on a πεπαθυῖα en regard de πέπονθα (rac. πενθ) ; M. Brugmann, adoptant en outre une leçon d’Aristarque, obtient : πέ-πασθε (= πέ-παθ-τε) au lieu de πέποσθε Iliad. 3, 99 et pass. — Cf. cependant notre remarque sur ἔπαθον, p. 20 i. n.

Le got. bund-um (rac. bend) est naturellement pour bn̥dum, et tous les verbes gotiques de cette classe présentent semblablement la sonante au parf. pluriel et duel.

Présent. Dans la 2e classe verbale (cf. page 14) on peut signaler en grec (ἔ)ραμαι ramené à ῥ-μαι dans un récent article de M. Brugmann K. Z. XXIII 587 ; la racine est la même que dans l’indien rámati « se plaire, etc. » En sanskrit nous trouvons par exemple : hán-ti, 2e plur. ha-thás, c’est-à-dire hn̥-thás.

La 8e classe verbale fera l’objet d’un prochain travail de M. Brugmann, où il montrera que tanómi, vanómi etc., sont pour tn̥-nó-mi, vn̥-nómi. Aussi le grec montre-il l’alpha significatif dans τά-νυ-ται de la racine τεν, dans ἄ-νυ-ται de la rac. ἑν[2]. Cela est dans l’ordre,

  1. La 3e pl. πέφανται est une formation récente faite sur l’analogie des racines en α ; il faudrait régulièrement πε-φν-αται. — γεγάασι, μεμαυῖα et les autres formes où le suffixe commence par une voyelle n’ont pu se produire que par analogie. Il est remarquable que les formes fortes du singulier soient restées à l’abri de toute contamination de ce genre, car γέγαα, μέμαα n’existent que dans nos dictionnaires ainsi que le montre Curtius, Verb. II 169. L’ancienne flexion : γέγονα, plur. γέγαμεν est donc encore transparente.
  2. M. Curtius a montré l’identité de ἄνυται (Homère a seulement ἤνυτο) avec le skr. sanuté (rac. san) ; la sifflante a laissé une trace dans l’esprit rude de l’att. ἁ-νύ-ω. Quant à la racine non affaiblie ἑν, elle vit dans le composé αυθ-έν-της « auteur d’une action ». Cf. Fick, Wœrterb. I² 789.