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342 LK SUFFIXE -T-.

nés a été expliqué comme un reste de aja. La contraction est un peu bien forte, surtout si l'on compare Vi long de sopîto, audîto. Il existe en grec un certain nombre de verbes dérivés qui peuvent donner, je crois, la solution du problème. Au lieu de joindre, sui- vant le procédé habituel, le suff. ta au thème en ja, ils ont rejeté la syllabe ja et ajouté le suffixe directement au thème nominal ou verbal dont ils dérivent. Ainsi aîvéuu donne aîve-TO au lieu de aîveje-TO, aîvn-To; cp. le thème nominal aîvo. èjuéou donne è)Lie-TO et non è|ieje-TO, è)Liri-TO ; cp. le thème verbal sanscrit vama, lat. vômë (d'où vômï-to = è)Lie-To); on a de même èpa[je]-TO, àpo[je]-TO^

Nous avons là apparemment le modèle de ce qui s'est passé en sanscrit et en latin. Dans pâti-ta (pâtâjâmi), Vi est un affaiblisse- ment de l'a qui dans pata-U et dans le part, paiat forme la ca- ractéristique ; il est identique à Xi du primitif pati-ta : la syllabe ja a été abandonnée. — De même dans le lat. sonî-to (sonâre) ja est expulsé et nous avons dans sont le thème nominal d'où dérive sonâre (sonus) ou peut-être le thème verbal de l'ancien sonëre. Dans terrï-to, terrî est le thème sanscrit trasa (trasâmi)^.

Des mots comme vegëto, comme l'ancien merë-to (avec e bref, Corpus I, 1012, cp. 32, 183, 1166, etc.) militent en faveur de l'ex- plication que nous proposons. M. Corssen (loc. cit.) dit que dans de tels participes l'é a dû s'abréger. La coexistence de monê-to, quiê-to déconseille cette solution assez peu satisfaisante en elle-même.

Voilà, si l'on admet ce qui précède, les part. parf. pass. en ta du sanscrit et des langues classiques ramenés à ces deux formules- ci : t immédiat -\~ a, t médiat + a. La proportion suivante rendra ceci plus clair:

-git : gajat = çruta : patita = eÙKTO : eùxexo = capto : genito.

Mais ce que nous voulons encore spécifier, c'est que -nta, élar- gissement du suffixe nasalisé -nt, bien que son emploi n'ait pris son grand développement qu'en latin, doit être considéré comme une formation sœur et parallèle de celle qui a produit ta par

L Le thème du nom ou du verbe primitif jouant à peu près le rôle d'une racine vis-à-vis du dérivé, il y a la même différence entre aîvc-TO et qpi\ri-TO qu'entre eÙK-TO et -eùxe-TO. — Chose curieuse, le ^rec ne montre cet allégement du part, en to que lorsque la racine se termine par une liquide ou une nasale, sauf dans les verbes béw (bexo) et àpKéo) (àpKCTo).

2. Souvent le suffixe s'adapte à la racine même: doc-to de doceo, kXji-to de KoXëui.

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