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DISTINCTION DES DrFFÉRKNTS O INDO-EUROPEENs. 387

Dans des cas isolés A devient i, m, même devant d'autres consonnes que r ou Z: ainsi gihma = box|UÔç, mushkara = niasculus.

3. A dans le suffixe des thèmes nominaux. Nous avons conclu de notre recherche dans les langues classiques que l'a long de X^P^t et que l'o de ïtttto-ç, equo-s étaient Ag et A comme les a de mâier et de pater. Or, en sanscrit nous trouvons en effet un a long dans les thèmes féminins comme dans la syllabe radicale de mâtar. Mais nous voyons en revanche en regard de l'i de pitar^ sthita, un a dans la syllabe suffixale d'açva-s. Comment s'expliquer cette différence, si tous deux descendent de l'indo-européen A?

Elle s'explique par la différence presque constante des lois d'euphonie devant les suffixes primaires et les désinences verbales d'une part, devant les désinences casuelles de l'autre; les lois qui se manifestent devant les désinences casuelles. s'écartent elles-mêmes très peu des règles du sandhi. Ainsi de même que nous trouvons: (ivekshyàmi, mais devadvitsu, devadvit sa, de même nous avons : pi-tar, mi-ml-te, mais açva-sya, et à la fin du mot upa. (uTrct, ùttô). Lors- qu'un thème nominal en A ne se trouve ni à la fin du mot, ni devant un suffixe casuel ou un suffixe de formation secondaire, son A devient î, comme devant les suffixes primaires: andhl-hhavati de andha, etc.

Lorsque la forme faible d'une racine en A se trouvera placée devant un suffixe casuel, elle prendra l'a et non plus l'i: pâda-pa-s et non pâda-pi-s (soma-pâ-s contient la forme forte).

Il ressort de là que ce n'est pas seulement dans les formes où A est radical, mais dans toutes les occasions où un suffixe pri- maire ou une désinence verbale seront ajoutés à un A, que nous devons nous attendre à trouver i, i en sanscrit.

Ainsi, nous avons en grec Kip-va-|ii€ç, Kip-va-ie; nous retrouvons on sanscrit normalement çrî-ni-mas, çrï-nî-tha et non pas çrinamas ou toute autre forme. De même les formations en mi, -ïmi, telles que çvasimi, hravimi, répondent à celles en â^xx, a\iai du grec; p. ex. ctYa^ai. Au parfait Ti.de tutudima correspond à l'a de TTeTTÔv6a|Liev. L'i de duhiiar est identique à l'a de eufatrip.

C'est à présent seulement que l'a de bharasi, bharati, bharatha va nous apparaître comme une chose extraordinaire, puisque partout jusqu'ici nous trouvions l'i devant les désinences verbales. Mais les langues classiques nous ont déjà donné la clef de l'énigme: qpépeiç, — pei, — peie montrent l'e, c'est-à-dire a et non A comme K(pva)nev. Or a reste toujours a en sanscrit. Si la voyelle thématique de

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