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Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/478

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Dans le mot simple comme dans le mot composé, les voyelles initiales semblent seules susceptibles de changer de la sorte leur quantité. On ne peut du moins mettre sur la même ligne les cas isolés tels que |Li05aXéoç de |uôboç, quoique la longue y mérite considération, étant attestée dans les tragiques aussi bien que dans l’épopée (cf. Lobeck, Fafhol. Proleg., p. 102).

La réduplication dite attique est accompagnée, soit dans les noms, soit dans les verbes, d’un allongement des voyelles initiales tout à fait comparable, au premier coup d’œil, à celui qui est usité en composition. Cependant le principe de cet allongen-ent n’est jms toujours facile à démêler.

En commençant par les noms redoublés, tels que dK-ujK-r|, l’hypothèse d’une modification rj^thmique serait en contradiction avec la loi que nous cherchons à vérifier: l’allongement était inutile, puisque le nombre des syllabes brèves ne dépassait pas deux.

Précisément une importante considération morphologique vient à l'appui de cette présomption négative. Le timbre de la deuxième voyelle ne permet pas d’admettre qu’elle soit l’allongement d’une brève. Un type radical aK- peut en effet revêtir trois aspects bien connus en morphologie: oîk-, aK- (= riK-), ùjk-, mais non pas ôk- par bref.

Aussi les quelques mots en question appartiennent-ils tous à des racines qui veulent régulièrement Vô long. Série de permutation a â tu: àK-ujK-r|, aT-uJY-ôç. Série e r| uu: èb-iubri; h noter aussi âWriX-oboubôiai • àX\r|Xo6ôpoi. Série o uj lu: ôb-uub-r|, Ô7T-ujTT-r|. 11 y a une exception: ÔK-uux-r| de ëxuj (série e o); mais en tout état de cause ce mot serait une anomalie. Tout le monde sait que Ixw a perdu une consonne initiale (■••O’éxuj ou */exuj) et qu’il n’a pu, par conséquent, prendre un redoublement attique que par imitation analogique secondaire.

Les parfaits redoublés attiques se distinguent des formes qu’on vient de voir par cette première différence, que le nombre des syllabes brèves y est suffisant pour justifier un allongement rythmique. Du" moins, cela est vrai pour toutes les formes actives dans les parfaits de racines disyllabiques tels que èvnvoxct, et pour toutes les formes actives moins les trois personnes du singulier dans les parfaits de racines monosyllabiques comme ôrriUTra, pluriel ÔTTiuTraiLiev.

Ceci ne préjuge rien encore, et le problème se pose comme précédemment entre l’allongement rythmique et l’allongement grammatical. Ce dernier, par parenthèse, n’est pas à proprement parler un