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474 l'XK LOI RYTHMIQUE MK LA LANGUK GKECgUK.

Comme le digamma n'est autre chose qu'un u consonne, la gémination de ce phonème dans les groupes clF, e/", o/, produit forcément au/", eu./', o\}f. 11 ressort de là (jue le présent dKOÙuj l)Our •■■aKOÛ/iu est une forme géminée par rapport au parfait ÙKriKoa =

  • àKriKo/a. La gémination s'cxplicjue ])ar les conditions rythmiques

où se trouvaient ■•■àKÔ/'ojaev, "■'àKÔfeïÇ., •'■dKO./feTUJ, '•aKÔ/'euev, con- ditions qui ne se présentaient ni au parfait, ni dans dtKori, urrriKooç. Le même principe a donné aùepùuu, auiaxoç ; mais ces mots existaient- ils sous la même forme dans la langue vulgaire? aKOur), par exemi)le, n'est certainement géminé que par licence poétique.

4. CHANGEMENTS D'ORDRE MORPHOLOGIQUE.

Les composés tels que veâ-Yevnç, Oavairi-cpôpoç, empruntent un ci (r|) au type baqpvii-qpôpoç, plutôt que de tolérer trois brèves consécutives. La formation paraît être parfaitement })opulaire: cf. (JTecpaviicpôpoç, èXaqpri^ôXia, aiabiaèpôiuoç (Keil, Insn\ Boeot., p. 52), et nous pouvons citer dans ce sens, l'opinion de Lobeck: «hanc rationem ... a natura ipsa inchoatam esse», Parerg. ad Phr., p. 650.

Pour les composés du nom de nombre éKaiôv, la langue recourt à un autre procédé: elle maintient la nasale finale contrairement aux règles constantes de la composition : éKaTÔ)Li6ri, èKttTÔYxeip ^'^^ lieu de *éKaTÔ6r|, *éKaTÔxeip.

Il serait facile de multiplier les exemples d'ex]»édients ana- logues em]>loyés pour éviter le tribraque : ôbomôpoç pour -'ôboTTÔpoç, XOpoiTUTTOç ])Our ■•"xopÔTUTTOç, TTapaiôdxriç pour *7Tapa6àTr|ç, laecraiTTÔXioç ])0ur ■■••|UÉ(70Trô\ioç, biKaaîTÔXoç pour '■■biKaTTÔXoç, en donnent des échantillons variés. Ces formes sont souvent suspectes de sortir de l'officine des poètes, mais voici pai- exemple un nom propre, OeôcTboTOç, dont le sigma, quoique pris à Aiô(T5otoç, n'est visible- ment destiné qu'à produire une longue, et qui, sous cette forme, est tellement répandu et po]>ulaire qu'il pourrait servir de type jtour le traitement dialectal du groupe crb: thessalien OeôpboTOç, Tanagra GedaZioTOç, Thèbes Qiolàra, noms fréquents dans les inscriptions.

L'adjectif èXeeivôç pour ••■èXeecT-vôç, joint à vr|X(e)iiç, indicpie, à n'en pas douter, que è'Xeoç, masculin de la deuxième déclinaison, a commencé par être un neutre de la troisième, pour le redevenir d'ailleurs dans le grec du;^Nouveau Testament. Le vocalisme de ce mot est edèctivement conforme à celui du type Tévoç. C'est le tribraque gênant des cas obliques ("èXéeoç) qui a dû déterminer le changement de déclinaison. Il en est de même de KéXaboç, ancien

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