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i>'iii|LiriXuaiç A TpiTTTÔXeuoç. 5*77

bouillie: encore à cause d"dj)aôç, et parce que les textes qui se donnent la peine d'insister sur d(ppuKTOç n'auraient pas manqué de parler d'un autre genre de cuisson, si celle-ci avait été prévue pour la bonne préparation de l'émoUient. Etait-elle du moins humectée, trempée à froid, ou à chaud, dans un liquide? Il ne semble même pas que ce tut le cas, tant par le silence de la plupart des passages que par Tindication assez formelle de" Galien dans un de ses traités.^ Enumérant des remèdes contre le mal de dents, cet auteur indique d'abord différentes espèces de TTupîai, — impliquant la vapeur d'eau. — puis il continue: r\ Kai èTn&é)iiaTa bià tiîjv X^piç ubdiouv, ujç bC ûjfifjç Xucreujç, eiie Kpi^ivnç eÏTe \ivo(JTrép|Liou. Ainsi rdjjuri- Xudiç, autant qu'on le distingue, consistait en une simple application de farine sèche.

Dans ces conditions, il est permis de se demander sur quel genre de signification les dictionnaires s'appuient pour admettre la présence du mot Xùaiç dans le composé qui nous occupe. S'il s'agit d'un XOcTiç ayant la valeur d'infusion, teinture ou solution chimique, ce qu'on pourrait à la rigueur supposer, j'avoue n'avoir pu découvrir de texte autorisant un pareil sens. Mais en faisant à notre erreur toute part d'avance, il serait encore difficile à chacun de voir l'ana- logie des deux choses, d'un paquet de farine (non trempée) à une substance en dissolution.

La vérité, pour ainsi dire évidente, est que nous avons dans dj)iriXu(Tiç un proche parent de la famille d'àXé uu moudre, dXe-Tpîç esclave occupée à la meule, etc. Si un doute subsistait, il serait levé par la glose hésychienne iLjLi-riXeTOV (cod. d))LiriX6TÔv) * èpripiT- laévov. Dissipons cependant les restes de l'étyinologie par XùcJiç. n s'agit d'un terme qui, forcément, fut pour tout contemporain d"Hippocrate clair, pour tout contemporain de Galien plus ou moins obscur en ses éléments; seuls les premiers auteurs originaux pou- vaient encore se douter que dXû-cTiç fût variante d'dXe-CTiç, la mou- ture. L'étymologie populaire, en partageant le composé en uj|Lir] XûcTiç, — forme que des générations de scribes se chargèrent de faire ))énétrer par les manuscrits jusque dans l'usage technique, — ne -0 rendait coupable d'aucun exploit particulier, ne faisait que re- produire un de ses modèles coutumiers, qu'on pourrait marquer du

1. TTepi auvô^creiuç qpapiicÎKUJV tiî»v kûtA tôtiouç, V, 9, éd. Kuhn. Nous n'avons pas gardé le texfe de Kuhn pour les derniers mots, sans importance, (|ui sont chez lui tÏTe KpOivov eÏTe XivôaTtepi-ia (sic), corrigés par d'autres comme ci-dessus.

de Saussure, Oeuvres. 37

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