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��Les Burgoiides et la langue burgonde en pays roman.

Séance du 15 décembre 1904. Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Génère, lome III. p. 9.

Etablis d'abord dans le bassin de l'Elbe, puis dans le Wurtem- berg actuel, les Burgondes, avant de se fixer dans nos contrées, avaient formé sur le Rhin moyen, autour de Worras, un Etat éphémère, dont le souvenir, embelli par la poésie, s'est transmis de génération en génération dans les récits et les chansons épiques relatifs aux Nibelungen. De la langue parlée par les Burgondes il ne subsiste que de misérables vestiges, presque uniquement des noms propres et quelques termes juridiques, d'après lesquels il est bien difficile de juger si elle appartenait au groupe occidental des langues germaniques, dont font partie l'allemand et l'anglais, ou bien au groupe oriental ou gotique. Après avoir examiné les principaux arguments fournis de part et d'autre, M. de Saussure se prononce, en définitive, pour la seconde alternative. Passant ensuite à l'étude des institutions politiques de la nation, M. de Saussure expose l'opinion d'écrivains tels que Jahn et Binding. Il procède à une comparaison entre les données de l'histoire et celles du poème des Nibelungen, et il admet que la transmission du pouvoir s'exerçait suivant le principe de l'hérédité coexistant avec celui du partage du pouvoir entre plusieurs princes. Il étudie ensuite ceux des noms de lieux de la Suisse romande et de la Savoie auxquels on peut, avec plus ou moins de vraisemblance, attribuer une origine bur- gonde, notamment les très nombreux noms en -ens, -ins, et -inges, dérivés pour la plupart, à ce qu'il semble, au moyen d'un suffixe germanique, de noms d'anciens propriétaires barbares. Combien de ternies ces barbares ont-ils conservé l'usage de leur langue germanique et sont-ils restés distincts de la population de langue romane dans laquelle ils ont fini par être absorbés? Dans ses récentes Etudes de toponymie romane (Fribourg 1902), M. Stadelmann, contrairement à l'opinion généralement admise par nos historiens, a cru pouvoir conclure de quelques noms de lieux vaudois que les Burgondes n'ont pas été romanisés avant le VHP siècle. S'il en était ainsi, dit M. de Saussure en terminant, l'on aurait à se demander quelle part l'Helvétie burgonde peut avoir eue dans la genèse et hi ])ropagation de la légende épique des Nibelungen.

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