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52 Y A-T-IL ÉCHANGE d'a ET d'e DANS LE GRÉCO-ITALIQUE ?

donner à la fois vé/iw et vd/U)? C'est ce qu'on ne saurait concevoir. La difficulté est supprimée si, séparant và/uu de l'ancienne racine mau, nous le rapprochons de snâ: vaf s'est développé sur snâ ab- solument comme (çaf (qpaûoç) sur hha, xaJ" (xaûvoç, X«oç) sur gJiâ, GTaf ((Traupôç) sur stâ, Xa/ (àîToXauiu) sur la, boJ' (5u/avoîri) sur da, yvof (vôoç, gnavus) sur yna. — vé(a)o)aai «venir», vaîiu, Ivaaaa, iyda^x]v «demeurer» ; cf. skr. ndsate. Les sens ne s'accor- dent pas trop mal, mais rien ne garantit que la véritable racine de vaîuj soit nas; qu'on compare baîuj, èbdcTffaTO, -bacTTOÇ. D'autre part il faut tenir compte de vaûoç «temple», que M. Curtius pro- pose, il est vrai, de ramener à *vaGfoç. — JaGTv <cité» appartient à la racine du got. visan qu'on croit retrouver dans le gr. ecJTÎa et avec plus de certitude dans àécTKUU, dfecra «passer la nuit, dormir». /otff-Tu est à d/ecr-Kou ce que le thème latin vad- est au gr. d/eô- Xov; il s'agit ici de phénomènes phoniques tout particuliers. — Les autres cas peuvent tous s'éliminer semblablement. Dans deux mots: beîîTvov =^ *5aTrivov, et eîxXov, autre forme de aïKXov (v. Baunack, Studien X 79), l'a semble s'être assimilé à Vi qui suivait. Quant à KXeiç, YeÎTiJDV, Xeujç, XeiTOupYÔç, peîa etc., à côté de xXôfîç, fâ, Xâôç, pabioç etc., il n'est pas besoin de dire que leur e pour r\ n'est que la traduction ionienne d'un 5.

Après la critique détaillée de ce point par M. Brugmann on ne sera plus disposé à attribuer aux formes dialectales qpdpuj, Tpdxui, Tpdcpuj etc., pas plus qu'à /ecTTrdpioç, dvqpôiapoç, Ttaiàpa, une importance quelconque dans la question de l'a. M. Havet (Mém. Soc. lAng. Il 161 seq.) a depuis longtemps expliqué leur a par l'influence de r. 11 va sans dire qu'ici nous n'avons point affaire à un r voyelle donnant naissance à a, mais bien à un r consonne transformant e en a. C'est le phénomène inverse qui se manifeste dans certaines formes ioniennes et éoliques telles que êpCnv, -fépTepoç, XXiepôç.

Comme on le voit par le tableau de Corssen (11^ 26), l'échange de Va et de Ve est aussi presque nul dans le latin, pour autant du moins que certaines affections phonétiques spéciales et de date récente ne sont pas en jeu. Le vocalisme concorde également entre les différents dialectes italiques qu'il est donc permis de considérer h cet égard comme un tout. La divergence la plus considérable est dans le latin in- (préfixe négatif) et inter en regard de an-, anter, de l'osque et de l'ombrien. Cette divergence s'expliquera plus loin, nous l'espérons.