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Page:Sauvé - Le Folk-Lore des Hautes-Vosges, 1889.djvu/15

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iii
introduction

années de la première moitié de ce siècle. Les remparts de rochers, les grands bois, derrière lesquels il se retranchait, l’oreille obstinément fermée à tous les bruits du dehors, ont cessé de le protéger contre l’envahissement industriel et le flot toujours montant de la civilisation urbaine. Un matin, il s’est réveillé avec des curiosités troublantes, et, tout de suite, sans transition apparente, les hantises anciennes, les coutumes séculaires ont fait place chez lui à des idées nouvelles, à de nouvelles mœurs. Très-fier, aujourd’hui, du degré de culture auquel il est parvenu, il se défend de regarder en arrière et de s’attarder aux choses du passé. Ce n’est pas à dire qu’il ait, comme il s’en flatte, dépouillé complètement le vieil homme, — l’hérédité a des retours impérieux dont il faut lui tenir compte ; — mais il sait où le bât le blesse, et se cache de ses défaillances comme d’autant d’infirmités. Si toute chance n’est pas perdue de recueillir dans son entourage un conte, une légende, quelque souvenir du vieux temps, ce n’est plus guère qu’auprès des vieillards, des humbles, des petits, des déshérités qu’il convient de l’attendre. Et, encore, lorsque l’un d’eux se laisse entraîner dans la voie des confidences