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Page:Sauvé - Le Folk-Lore des Hautes-Vosges, 1889.djvu/276

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le mois de septembre

gardent bravement pour se rendre à l’offrande. L’habitude ne date pas d’hier.

« Paraîtrait que, il y a belle lurette, un homme de la montagne, en allant un dimanche à la messe, trouva sur son chemin une bande de lard.

— Bonne affaire, dit-il en la relevant, mais comment l’emporter ? Je ne puis me passer de messe, non ! et, d’un autre côté, jeter ce lard sur mes épaules, ce serait endommager mes beaux habits. Le drap coûte cher, et les tailleurs ne travaillent point pour des prunes. Misère, ah ! si j’avais ma hotte ! Allons, toutefois, au plus pressé, cachons ce lard sous les feuilles derrière un buisson, et, quand j’aurai rempli mes devoirs de bon chrétien, j’irai, d’une trotte, à la maison, chercher ce qui me manque pour loger ma trouvaille.

Comme il disait, il fit, mais, voyez le guignon ! quand il revint, baigné de sueur et hors d’haleine, à l’endroit où il avait caché soigneusement la bande de lard, il ne la trouva plus, l’oiseau était déniché.

En rentrant au logis, l’oreille basse comme un chien fouetté, le bonhomme se jura bien que la leçon ne serait perdue ni pour lui ni pour les siens.

Et c’est depuis ce jour que les Gérômais ne mettent plus ua pied devant l’autre, sans avoir la