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Page:Sauvé - Le Folk-Lore des Hautes-Vosges, 1889.djvu/63

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le mois de février

mier étage, et, à travers les persiennes closes, s’établit le dialogue suivant :

— Donne qui donne !

— Donne qui donne !

— Je donne Pierre A… à Louise B…

— Je donne Léonard X… à Célestine Z…

— Je donne, etc.

Et les chefs des deux bandes s’envoient ainsi la réplique, jusqu’à ce que toutes les personnes de la commune, en âge et en situation de contracter mariage, y aient passé.

Cette énumération qu’assaisonne, de temps à autre, un grain de malice, n’est point abandonnée au caprice ou au hasard de l’inspiration, elle suppose une étude approfondie des faits et gestes des personnages, de leurs habitudes, de leurs inclinations. Aussi la liste des Valentins et des Valentines est-elle préparée de longue main. Mais tout le monde — il y a partout des timides et des gens à l’imagination lente — ne songe pas au mariage. Pourquoi ne viendrait-on pas en aide à ceux qui sont vraiment incapables de prendre une décision aussi importante de leur propre mouvement ? L’essai n’en coûte rien,… on le tente bravement. Et c’est ainsi, souvent, que d’un mariage pour rire sort un mariage sérieux, lequel ne tarde pas à être solidement noué par M. le maire et M. le curé.